La commémoration du décès de Joyce Echaquan et la Journée nationale de vérité et de réconciliation ont été entachées par des échanges agités à l’Assemblée nationale, la semaine dernière. Au cœur de ces querelles, le premier ministre François Legault dit «prendre la responsabilité» qui lui revient pour ses commentaires en marge de ces deux journées importantes pour les peuples autochtones.
Ce lundi marque la Journée nationale de commémoration pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. M. Legault en a profité pour revenir sur les controverses entourant les journées de commémoration tenues la semaine dernière.
«Je suis bien conscient qu’à l’Assemblée nationale, la semaine dernière, on n’a pas envoyé le message de compassion et de solidarité que la situation exige de nous, partage-t-il, dans une publication sur les réseaux sociaux. Comme premier ministre, j’ai le devoir de donner l’exemple. J’essaie sincèrement de le faire à chaque fois que je m’adresse aux Québécois.»
En vertu de la situation, «il faut maintenant laisser la partisannerie de côté pour mettre en lumière ce que vivent les peuples autochtones», considère le premier ministre. «En faire plus pour s’attaquer au racisme que continuent de subir les membres des Premières Nations et les Inuits» deviendra une priorité pour le gouvernement.
Mardi, le premier ministre s’en est pris au député libéral Gregory Kelley, alors qu’il était question du principe de Joyce au Salon bleu, qui garantirait un accès équitable, sans discrimination pour les Premières Nations, à tous les services sociaux et de santé.
Une vidéo circule sur le web où M. Kelley dénonce les projets de loi adoptés par la CAQ, dans le contexte d’un discours sur Joyce Echaquan. Datant du 12 juin, la vidéo a été filmée lors d’un rassemblement de Black Lives Matter. «Je n’accepterai jamais que le député fasse un amalgame entre Joyce Echaquan et
le projet de loi 96», a tonné M. Legault en chambre, mardi.
Question de «productivité»
Une autre sortie du premier ministre relative aux Premières Nations a été critiquée la semaine dernière. Pas question de faire de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation un congé férié, a-t-il tranché, pour des raisons de «productivité».
Le gouvernement fédéral a décrété que le 30 septembre est un jour férié pour les employés qui relèvent de sa compétence, mais ce n’est pas le cas au Québec. Jeudi, Québec solidaire a déposé une motion pour faire de cette Journée pour la réconciliation un jour férié dans la province.
Un tel geste permettrait «de marquer l’imaginaire collectif» et démontrerait l’importance des enjeux soulignés, selon QS. La motion soulignait aussi la nécessité de mettre fin au racisme. Après des négociations avec les autres partis, la motion a été rejetée.
Recommandation claire
Depuis, la coroner Géhane Kamel a recommandé dans son rapport sur la mort de Joyce Echaquan que le gouvernement du Québec reconnaisse l’existence du racisme systémique.
Le gouvernement Legault devrait prendre «l’engagement de contribuer à son élimination», détermine la coroner. «Il est désormais inacceptable que de larges pans de notre société nient une réalité aussi bien documentée», estime Me Kamel. Le racisme et les préjugés desquels Mme Echaquan a été victime «ont certainement été contributifs à son décès», conclut-on.
«Par respect pour la famille et les proches de Joyce Echaquan», le premier ministre attendra la conférence de presse de Me Kamel sur la question, mardi, avant de commenter cette recommandation.