Les techniciens ambulanciers pourront maintenant offrir des soins à l’urgence. C’est ce que le ministre de la Santé Christian Dubé a annoncé, lundi après-midi, en Montérégie-Ouest, où la mesure sera appliquée en premier.
Une vingtaine de paramédics viendront prêter main-forte en urgence dans cette région. Ils recevront une formation particulière au cours des prochains jours, avant d’être déployés dans divers établissements dès samedi.
«Votre gouvernement continue de déployer différentes actions pour réduire la pression sur notre réseau de la santé et notre personnel, particulièrement dans nos urgences, se réjouit-il dans un communiqué. Mettre à profit l’expertise des techniciens ambulanciers paramédics est une avenue indispensable pour contribuer à abaisser cette pression.»
Une pénurie de main-d’œuvre frappe le Québec depuis plusieurs mois. Le premier ministre François Legault a indiqué en septembre que plus de 4300 d’entre elles manqueraient au réseau, une situation qui sera sans doute exacerbée par la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé, qui entrera en vigueur le 15 octobre.
«De faire partie de la solution, c’est toujours plaisant, réagit le directeur général adjoint de la Coopérative des techniciens ambulanciers du Québec, Dominic Chaput. Les paramédics sont souvent reconnus comme étant à l’externe du réseau de la santé, alors c’est un changement qu’on accueille positivement.»
Les techniciens ambulanciers souhaitent pouvoir élargir leur champ de pratique et aider dans les hôpitaux depuis plusieurs années, mentionne-t-il.
«Stupeur et consternation»
L’écho s’avère toutefois moins positif du côté de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui déplore avoir appris l’adoption de cette nouvelle mesure dans les médias. L’élargissement de la compétence des techniciens ambulanciers était souhaité depuis longtemps, «mais cela doit se faire adéquatement et dans les bonnes conditions», déplore le représentant du secteur préhospitalier, Jean Gagnon.
«Cet enjeu doit être abordé en urgence car cet arrêté surprise, émis sans concertation préalable avec les principaux concernés, ressemble à une tentative de colmater les brèches qui se multiplient au sein du système de santé en raison de la grave pénurie de main-d’œuvre», soupçonne M. Gagnon.
«Le gouvernement ne peut plus profiter de l’état d’urgence sanitaire pour modifier unilatéralement les conditions de travail des employé-es du secteur de la santé, ajoute la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Lucie Longchamps. Pourtant, c’est exactement ce qu’il vient de faire pour les paramédics avec cet arrêté ministériel.»
Impossible à Montréal?
C’est seulement dans les régions où les services préhospitaliers sont bien nantis que les techniciens ambulanciers pourront aller prêter main-forte dans les urgences. Leur mandat premier demeurera de «répondre aux besoins des personnes en détresse», assure le ministère de la Santé.
Dans le Grand Montréal, les effectifs en place sont insuffisants pour imaginer la mise en place d’une telle mesure, considère le président du Syndicat préhospitalier de Montréal et Laval, Réjean Leclerc. Celui-ci avoue craindre un bris de service «à tous les jours.»
«Nous recevons plus d’appels que nous avons de ressources disponibles sur les routes pour répondre à notre mission première, indique-t-il en entrevue avec Métro. Ça nous rajouterait beaucoup de pression de voir des effectifs quitter pour d’autres tâches. Ça ne serait pas logique déshabiller Jacques pour habiller Jean.»
Les techniciens ambulanciers sont actuellement en négociation, puisque leur convention collective est échue. Une rencontre de négociation entre le syndicat et le Conseil du Trésor est prévue mercredi.