La contribution santé est préférée à l’obligation vaccinale pour des questions d’application juridique, selon ce qu’a expliqué le premier ministre François Legault sur le plateau de Tout le monde en parle, dimanche soir.
François Legault dit ne pas partager la position du président français, Emmanuel Macron, qui a dit vouloir «emmerder les non-vaccinés». Il rappelle que les soins intensifs sont remplis à 50% de personnes non vaccinées alors que celles-ci ne représentent que 10% de la population adulte. C’est pour cette raison que la contribution santé sera présentée à l’Assemblée nationale. Elle se veut un incitatif à la vaccination. «J’irai pas jusque là [emmerder les non-vaccinés], nous ce que l’on veut c’est leur donner un incitatif», a dit le premier ministre.
«Les gens qui ne sont pas vaccinés mettent à risque les autres Québécois, c’est pour ça qu’on dit “vous devriez payer une amende”. […] Étant donné qu’ils amènent un fardeau dans le réseau de la santé, je pense que c’est normal qu’ils payent une contribution. […] C’est un risque pour toutes les personnes qui voient leurs chirurgies reportées», a expliqué François Legault. Cette mesure sera débattue à l’Assemblée nationale et le projet de loi devrait être déposé début février.
«Vivre avec le virus, cela veut dire vivre avec le plus de personnes vaccinées. […] Les non-vaccinés posent un grand défi. On veut essayer de rejoindre ces gens», ajoute-t-il.
L’obligation vaccinale, une difficulté juridique
À partir du 24 janvier, le passeport vaccinal sera exigé pour la clientèle dans les grandes surfaces de plus de 1500 mètres carrés qui ne sont pas principalement dans le domaine de l’alimentation. Guy A. Lepage a avancé que cela pourrait donner lieu à l’imbroglio suivant: un travailleur non vacciné pourra travailler dans la grande surface, mais si celui-ci souhaite y magasiner, il ne pourra pas, puisqu’il ne détient pas de passeport vaccinal.
Le premier ministre indique que la mesure d’une obligation vaccinale a été écartée pour des raisons juridiques. «On tombe dans une question juridique. Actuellement, les citoyens ont le droit de travailler, ont le droit de gagner leur vie. De dire à une personne qui travaille à la SAQ ou dans une grande surface, “vous ne pouvez plus travailler”, c’est, actuellement, légalement, pas possible de contraindre une personne, de lui dire “vous perdez votre emploi”.»
Au moment où le gouvernement était proche de l’appliquer dans le réseau de la santé, «les avocats [lui] disaient, “c’est borderline d’obliger les infirmières à se faire vacciner”». Rappelons que le gouvernement avait annoncé que la vaccination serait obligatoire pour les travailleurs de la santé. Il a toutefois reculé par peur de manquer de personnel.
PSPP doute de l’efficacité de la contribution santé
Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, présent à l’émission, doute de l’efficacité de la contribution santé et voudrait que des experts l’analysent. «A priori, j’ai des doutes quant à l’efficacité de cette mesure-là. Quand on prend des mesures sanitaires, c’est pour diminuer le nombre des hospitalisations. Est-ce que cette mesure punitive financière qui sera dans le rapport d’impôt l’an prochain va vraiment augmenter le taux de vaccination et diminuer les hospitalisations? J’en doute. […] J’aimerais que des experts nous expliquent si c’est la meilleure mesure ou s’il en existe des plus efficaces à court terme. Parce que ce qui compte, c’est réduire les décès et les hospitalisations.»
Le chef péquiste a profité de sa venue pour annoncer le comté dans lequel il se présentera lors des prochaines élections provinciales. «Ma réflexion est terminée, je vais me présenter à Montréal dans le comté de Bourget. […] La bataille pour la langue, elle se passe à Montréal et il faut que le Parti québécois soit présent à Montréal pour que la tendance change.»
«Les prochaines semaines continueront d’être difficiles», prévoit Legault
Bien que le premier ministre du Québec, François Legault, ait dit entrevoir «la lumière au bout du tunnel», il précise que les prochaines semaines continueront d’être difficiles. Il a annoncé toutefois des chiffres préliminaires positifs pour le bilan de lundi de la COVID-19, où les «hospitalisations seront sous la barre des 100».
La plupart des commerces non essentiels sont toujours fermés au Québec, notamment les bars et restaurants. Cependant, la patience de ces commerçants s’effrite, puisque certains ont prévu de rouvrir à la fin du mois, et ce, malgré les interdictions. Le premier ministre a donné la priorité aux enfants et leur retour à l’école. «On regarde ça tous les jours. La priorité, c’était les enfants. Malheureusement, il faudra être prudent pour plusieurs semaines. […] Je suis fier de dire que le Québec est l’un des endroits où l’on a fermé le moins les écoles.»