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Coller sur les murs pour lutter contre les féminicides

Depuis son premier collage en mars 2020, le collectif Collages féminicides Montréal, constitué de plusieurs dizaines de militant.e.s anonymes, fait désormais partie du paysage montréalais. Qui n’a pas croisé en se baladant dans la rue des collages de lettres noires sur fond blanc, mis de bout en bout pour dénoncer les féminicides, les violences contre les femmes et les personnes de la pluralité de genres?

Depuis mars 2020, le collectif dit avoir réalisé environ 400 collages. L’objectif premier des «colleureuses» est de se réapproprier l’espace public pour y afficher des messages dénonçant un système qui offre des solutions «insuffisantes» pour lutter contre les violences genrées.

«Pour nous, on comprend le féminicide comme le sommet de la pyramide des violences faites en fonction du genre», explique un.e militant.e. «Sans vouloir mettre de hiérarchie dans la violence, il y a quand même un point culminant de cette violence sexiste, notamment quand on pense aux féminicides, et c’est pour ça que pour nous, c’est central dans notre mouvement.»

Ça a aussi la fonction de se réapproprier l’espace public, puisque c’est souvent dans la rue qu’on ne se sent pas en sécurité, c’est dans la rue que ces violences-là prennent place, parfois.

Un.e colleureuse du collectif Collages féminicides Montréal

Un collage qui dérange plus que des féminicides?

Récemment, des membres du collectif Collages féminicides Montréal ont été interpelé.e.s alors qu’iels collaient les noms des cinq femmes tuées lors de féminicides depuis le début de l’année. La patrouille de police, alertée par une passante, a donné une amende à chacun.e des militant.e.s.

Pour les militant.e.s, cette «surréaction» est «décalée» par rapport au message qu’iels souhaitent faire passer.

C’est comme si on s’attaquait à la propriété privée, qui est importante pour la société, alors que nous, on collait le nom d’une femme qui a perdu la vie.

Un.e militant.e

Pour rembourser les amendes, le collectif a décidé de lancer une campagne de financement sur la plateforme GoFundMe. Alors que l’objectif de la campagne était d’amasser 10 000 $, ce sont plus de 12 000 $ que le collectif a récoltés en soutien.

«La vague de solidarité a été extraordinaire, il y a eu un soutien financier important et il y a aussi eu des messages de soutien sur Instagram», explique un.e militant.e, en ajoutant que le montant récolté ne correspond finalement pas au montant des amendes. On va l’utiliser pour rembourser les amendes s’il y a amendes, car on compte les contester.»

Au vu des sommes importantes amassées, le collectif Collages féminicides Montréal réfléchit à la façon d’utiliser cet argent. Plusieurs pistes sont envisagées, comme le donner à des organismes qui luttent contre les violences faites aux femmes. Le collectif pense aussi à rembourser les donateur.trice.s qui le souhaitent.

De la France à Montréal

Le mouvement des collages féminicides est né en France en 2019, disent les militant.e.s de Collages féminicides Montréal. Il s’est établi et a pris de l’ampleur au Québec par le bouche-à-oreille. Ce sont désormais près de 80 militant.e.s qui mènent leur combat à Montréal.

D’autres collectifs sont aussi présents ailleurs au Québec, comme à Gatineau, Québec et Rimouski. Le collectif fonctionne en non-mixité choisie, c’est-à-dire que toutes les identités de genre y sont acceptées, sauf les hommes cisgenres.

«Le fait de travailler en non-mixité choisie nous permet de nous affranchir partiellement de structures patriarcales qu’on retrouve dans les organisations sociales. Ça fait aussi office de guérison et d’empouvoirement pour les membres du collectif», explique un.e militant.e.

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