En entrevue avec Métro, la députée provinciale de la circonscription de Gaspé, Méganne Perry Melançon, critique le travail de communication de la Sureté du Québec (SQ) en lien avec les allégations d’intoxications forcées et d’agressions sexuelles qui circulent dans la MRC du Rocher-Percé depuis la fin de semaine du 27 juillet.
Ce n’est pas la première fois qu’elle entend parler d’intoxications forcées dans sa circonscription: on lui a rapporté des cas dans la ville de Percé aussi, dit-elle. Les témoignages qu’elle reçoit s’étalent sur les dernières semaines. Selon elle, il s’agit «d’un phénomène qui touche une MRC», celle du Rocher-Percé, où des gens «profitent d’événements comme le festival [Festi-Plage] pour faire des victimes».
Le 4 août, Métro a tenté de rejoindre le président du Festi-Plage de Cap-d’Espoir, situé en périphérie de Percé, qui a refusé de parler des allégations d’intoxications dangereuses et d’agressions sexuelles alléguées dans le cadre de l’événement. Le festival a depuis supprimé ses comptes sur les réseaux sociaux.
«Ça fait quelques semaines que ça circule, cette drogue», affirme la députée du Parti québécois. Elle affirme d’ailleurs avoir entendu de jeunes filles discuter entre elles au sujet des intoxications forcées sur le site du festival. Elles auraient suggéré se surveiller entre elles et se faire signe si elles sentaient des piqures.
«Moi, ça me choque que la SQ n’a pas plus à nous dire sur les incidents», affirme Méganne Perry Melançon, qui a également interpelé la Sureté du Québec dans un tweet aujourd’hui.
La SQ disait hier à Métro que, «si la sécurité de la population est en danger, [elle allait] en être informé […] mais là, on n’en est pas la». Mme Perry Melançon est en désaccord: «c’est un enjeu de sécurité publique, on est rendu là».
On dirait que le travail de communication de la SQ ne se fait pas.
Méganne Perry Melançon, la député du Parti québécois pour la circonscription de Gaspé
«Tous les médias, tout le monde est là-dessus. On essaye d’avoir plus que des rumeurs», souligne la députée.
Si cette interpellation à l’intention de la Sureté du Québec peut en avoir choqué quelques-uns, cela lui importe peu: « moi, en tant qu’élu, je ne peux pas me taire sur quelque chose d’aussi important».
J’aurais vraiment aimé une mise au point, parce que si des parents doivent faire de la sensibilisation avant d’envoyer leurs jeunes dans des activités cet été, il me semble que la population devrait être mise au courant.
Méganne Perry Melançon, la député du Parti Québécois pour la circonscription de Gaspé
Elle souligne qu’il y a «beaucoup» de témoignages de parents inquiets, «et avec raison».
«J’espère vraiment que ça va faire en sorte qu’à un moment donné, on va avoir une vraie mise au point par les autorités, parce que ça n’a pas de bon sens», martèle-t-elle, expliquant être très inquiète de la situation.
La députée s’avoue également inquiète pour les festivals à venir. «C’est sûr qu’ils vont être ciblés». Elle pense aux festivals se déroulant dans le Bas-Saint-Laurent, où «les tenanciers de bar sont sortis médiatiquement pour dire qu’il y avait une flambée de cas de GHB, que c’était rendu deux à trois victimes par mois dans leurs bars».
À l’effet des cas d’allégations d’intoxications non consentantes, la SQ confirmait hier à Métro que «le piqure challenge est connu de [ses] services» et qu’elle était en train de vérifier si ce stratagème-là avait été utilisé dans la MRC Rocher-Percer.» Impossible de confirmer si c’est bel et bien le cas pour l’instant.
Qu’en est-il de la métropole?
À Montréal, des cas d’intoxications non-consentantes, possiblement au GHB et autres drogues, avait fait surface dans les médias d’information et les réseaux sociaux au mois de juin.
Contacté par Métro aujourd’hui à ce sujet, le Service de Police de la Ville de Montréal explique être «en attente de résultats d’analyses toxicologiques dans un tout petit nombre de dossiers afin de déterminer si le phénomène de needle spiking aurait atteint, ou pas, l’île de Montréal».
Aux yeux du SPVM, «la prévalence des cas réels est inconnue, et certains experts expriment des doutes quant à la facilité avec laquelle de telles injections pourraient être effectuées sans que cela soit immédiatement évident pour la victime».
Métro n’a pu obtenir aucune information du CIUSSS de la Gaspésie en lien avec de possibles intoxications non consentantes dans les dernières semaines, ou précisément lors de la fin de semaine du 27 juillet. Pour ce qui est des CAVACS, impossible de répondre à nos questions non plus. Leur porte-paroles a toutefois encouragé les citoyennes et les citoyens à les contacter si elles et ils croient avoir été intoxiqué.e.s à leur insu.
L’agente aux communications du Centre pour les victimes d’agressions sexuelles de Montréal, pour sa part, ne peut pas confirmer «avoir reçu de cas d’agression sexuelle facilitée par une drogue injectée par piqure à notre service de centre désigné pour l’intervention médicosociale auprès des victimes d’agression sexuelle». Il serait tout de même «tout à fait possible que ce type d’agression sexuelle ait eu lieu à Montréal», dit-elle.
À l’instar des CALAC, elle rappelle que «l’intervention médicosociale auprès des victimes d’agression sexuelle est accessible 24/7, afin que les personnes qui en ont besoin puissent en bénéficier le plus rapidement possible».
La ligne téléphonique Info-aide violence sexuelle est accessible partout au Québec au 1 888 933-9007.
«Je crois que c’est important de ne pas se taire et qu’on en parle le plus possible», exprime d’ailleurs la députée provinciale de la circonscription de Gaspé.
Les jeunes qui font ce genre d’actes là [doivent savoir] qu’ils peuvent se faire pincer, puis que ça pourrait aller loin. Ce n’est pas vrai qu’ils sont tout puissants et inatteignables.
Méganne Perry Melançon, la député du Parti Québécois pour la circonscription de Gaspé
Aujourd’hui, Méganne Perry Melançon annonçait avoir remis 10 000$ au CALAC de la Baume Gaspésie «pour qu’ils continuent leur travail de prévention». Elle explique que ceux-ci sont souvent limités dans leurs projets et «ne sont pas beaucoup financé par le secrétariat de la condition féminine».