Le conflit entre CARE-Montréal et CAP Saint-Barnabé (CSB), deux organismes qui offrent des services à des itinérants sur l’île et dont la fusion a récemment échoué, pourrait avoir des conséquences sur l’alimentation de la clientèle démunie de CARE.
Métro a appris que CAP Saint-Barnabé, par lettre en date du 16 décembre 2022, veut résilier l’entente de service traiteur, entre autres, avec l’organisme partenaire.
Il s’agit d’un contrat de 1 700 000 dollars pour l’approvisionnement de 900 repas par jour (matin, midi et soir) à environ 300 bénéficiaires. L’ancienne directrice de CARE, Catehryn Roy-Goyette, qui a démissionné avec fracas fin 2022 et qui est membre du CA de CAP Saint-Barnabé, confirme les intentions de l’organisme.
«Il y a un plan d’action pour récupérer les services et s’assurer que l’argent soit bien géré, dit-elle, c’est difficile de continuer ce partenariat, le service de nourriture, la fusion administrative etc…»
Pour sa part, CARE-Montréal qui se dit satisfait du moins du service traiteur avec CSB, souhaite poursuivre l’entente en ce sens. Le 5 janvier dernier, le Conseil d’administration (CA) de CARE a sollicité, par lettre, une rencontre pour discuter de ces enjeux avec son partenaire, demande qui est restée sans réponse à ce jour, déplore l’avocat de CARE, Me Pierre-Paul Bourdages. En entrevue avec Métro, l’avocat met en garde CSB quant à une apparente volonté de nuire aux opérations de son organisme.
C’est clair, si CSB pense le moindrement qu’on ne peut pas s’alimenter ailleurs, ils risquent d’avoir de mauvaises surprises.
Pierre-Paul Bourdages, avocat et porte-parole de CARE-Montréal
« Mais, on ne veut pas en arriver là. On veut continuer la relation commerciale avec eux, on est satisfait, mais ce n’est pas vrai qu’ils vont avoir eux le bénéfice de leur relation commerciale et nous on va souffrir des conséquences de la fusion administrative », ajoute l’avocat qui parle au nom de CARE dans ce dossier.
Plainte à la police
Entretemps, Catheryn Roy-Goyette qui siège au CA de CSB a déposé, en décembre dernier, une plainte à la police contre son ancien employeur.
« L’enquête débute à peine », souligne Mme Roy-Goyette à Métro qui affirme, par ailleurs, entreprendre cette démarche à la demande d’une auditrice indépendante qui avait épluché les comptes et les tenues de livres comptables de l’organisme.
L’audit, terminé au mois de novembre, démontrait qu’il y a beaucoup d’opérations entre apparentés pour un montant substantiel. Certaines de ces opérations étaient connues du CA qui avait demandé d’aller en appel d’offres pour certains contrats octroyés à la compagnie de Michel Monette, créateur de CARE, appel d’offres qui n’a jamais eu lieu.
Catheryn Roy-Goyette, ancienne directrice de CARE et actuelle membre du CA de CSB
Pierre-Paul Bourdages met en doute les propos de Mme Roy-Goyette au sujet de la demande d’appel d’offres. Il dit avoir vérifié, mais n’a trouvé aucune trace de cette requête. «J’ai demandé qu’on me remette tous les procès-verbaux, ce que j’ai obtenu, et nulle part je ne vois un appel formel du CA», dit-il.
Il répète que dans certains cas il s’agissait d’erreurs de facturation liées à l’entreprise d’entretien ménager de la famille Monette et que ces manquements ont été signalés au CA de CARE. Me Bourdages ajoute, en entretien au journal, que le montant de 5 000 dollars en cause a été remboursé intégralement.
Les deux organismes devaient assurer une fusion et pendant plusieurs mois, les plans ont varié. En décembre 2022, alors qu’une assemblée publique des membres de CARE Montréal a étudié la possibilité de dissoudre l’organisme et de transférer ses actifs au CAP St-Barnabé, ce que la majorité des membres ont accepté. Mais l’Église de Michel Monette qui a créé l’organisme en 2017 et qui détient un droit de veto a refusé à la dernière minute.
Dans les jours suivants, Mme Roy-Goyette a démissionné de son poste.