Il y a quelques semaines, les employés et les résidents des Floralies de Lasalle et de Lachine ont appris que leurs établissements de soins de longue durée fermeront leurs portes, après plusieurs mois passés sous la tutelle du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal.
Aux Floralies de Lasalle, plus d’une centaine d’employés dénoncent l’absence de clarté quant aux conditions de leur licenciement et déplorent la détresse que vivent les 200 résidents face à cette annonce.
En septembre dernier, les Floralies de Lasalle avaient été mises sous tutelle provisoire du CIUSSS suite à une mauvaise gestion de l’employeur privé. Face à une situation qui ne s’améliorait pas, la décision a été prise de fermer l’établissement et de déplacer ses résidents dans d’autres établissements de soin.
«On aurait espéré que cette tutelle-là se termine et permette de recommencer avec les bons soins et les bons services pour les résidents, explique la présidente du syndicat québécois des employés de service, Sylvie Nelson. Si les résidents sont déplacés dans d’autres CIUSSS, ils vont être déracinés. Ça fait un choc pour les résidents, car ils sont inquiets de changer d’endroit.»
Beaucoup d’employés craignent de ne pas pouvoir retrouver un emploi par la suite faute d’avoir un niveau d’éducation suffisant. Au fil des années, les résidents des Floralies ont pu développer une relation de confiance et d’échange avec le personnel soignant, mais cette relation est désormais menacée alors que certains résidents ont déjà commencé à être transférés ailleurs.
«Ça crée une détresse chez les résidents. Certains ont 96 ans, ils pensaient que ce serait leur dernière demeure, mais ils vont être déracinés, explique la conseillère syndicale, Valérie Boulanger. Les employés, en plus de vivre une insécurité avec leur propre précarité, ils font face à toutes ces crises de larmes, ils doivent gérer le stress des résidents en plus.»
Les employés devraient en savoir plus sur leur sort d’ici lundi prochain, de la part du CIUSSS. Le syndicat a entrepris des démarches avec d’autres résidences de personnes âgées pour faire passer «prioritairement» les employés à des entrevues.
Des résidents en grande détresse
Luise Mpembe est préposée aux bénéficiaires depuis plus d’un an à la résidence des Floralies. Elle a pu voir l’état psychologique des résidents se dégrader depuis l’annonce de la fermeture de l’établissement.
«Ce matin je me suis tamponné avec deux résidentes, je dépose le cabaret, je les fais assoir pour manger et elles ont éclaté en sanglots, pendant dix minutes j’ai dû prendre le temps pour les rassurer, c’est vraiment triste, explique Luise Mpembe. Je trouve ça inhumain, car c’est gens là ont rien demandé, on était comme une famille et c’est gens là s’en vont à la vitesse de l’éclair. C’est lourd pour nous à porter.»
Une autre résidente de plus de 90 ans aurait aussi fondu en larme lorsque Luise lui a apporté son déjeuner ce matin. Selon Luise, cette personne ne cessait de pleurer depuis plusieurs semaines suite à l’annonce de la fermeture des Floralies Lasalle. Cette même résidente aurait été mise sous surveillance par le personnel soignant après qu’elle ait exprimé des idéations suicidaires.
Des allégations de maltraitance à l’égard des résidents des Floralies auraient entaché dans le passé la réputation de l’établissement, ce qui vient directement compliquer les démarches des employés pour retrouver un travail.
«Là maintenant sur le marché de l’emploi on est discriminé et personne ne nous dit ce que sera notre sort, on est laissé à nous même, dit Luise Mpembe. Il y a des gens ici qui ont travaillé pendant la pandémie, ils ont mis leur vie en danger et aujourd’hui on leur dit qu’ils vont perdre leur job et qu’on ne sait pas où ils vont aller.»
Contacté par Métro, le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal se dit disponible pour rencontrer de nouveau les représentants du syndicat et invite les employés et les syndicats à lui communiquer leurs préoccupations ou inquiétudes en lien avec leurs conditions de travail.
Pour ce qui est des résidents, une séquence de déménagement est prévue, à commencé par ceux ayant un profil CHSLD ou RI. Par la suite, le CIUSSS soutiendra les résidents RPA dans leur déménagement.
«Nous nous engageons à accompagner les résidents et leur famille tout au long de ce processus afin que les déménagements et l’intégration dans le nouveau milieu de vie se fassent en douceur, explique le CIUSSS. Notre priorité est d’assurer la santé, la sécurité et le bien-être des résidents et tous nos efforts et actions sont dirigés en ce sens.»