Un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale juge que les services ont diminué de façon inacceptable à l’Hôpital Sainte-Anne depuis qu’il est sous juridiction provinciale, en avril 2016. Wolf William Solkin, un patient de 95 ans, a donc déposé un recours collectif contre Québec et Ottawa pour récupérer les sommes prévues au contrat de transfert.
Le ministère des Anciens combattants s’était engagé à débourser environ 150$ par jour, par patient de l’hôpital de Sainte-Anne-de-Bellevue, afin de maintenir la qualité des services.
Entre avril 2016 et mars 2018, le gouvernement québécois a reçu plus de 27M$, selon des données obtenues par M. Solkin grâce à la loi sur l’accès à l’information. Le résident de l’Hôpital Sainte-Anne depuis cinq ans estime toutefois que cette somme a été mal gérée par le Centre intégré universitaire de santé et services sociaux (CIUSSS) de l’Ouest-de-l’Île de Montréal.
M. Solkin a donc demandé à la Cour supérieure d’autoriser un recours pour que chacun des quelque 300 vétérans ayant séjourné dans l’établissement, ou les familles des défunts, reçoivent une compensation, qui inclurait des dommages punitifs estimés à 120$ par jour.
Réduction de soins
Le salaire des préposés aux bénéficiaires aurait baissé de 33% et celui des infirmières, d’environ 25%, créant ainsi une pénurie de personnel. De plus, M. Solkin affirme que les préposés sont mal formés et mal supervisés.
«Certains ignorent comment fonctionne ma chaise roulante ou le treuil de ma chambre, précise-t-il. Bien des patients souffrent de démence ou d’Alzheimer. Ils ont besoin de continuité puisque ça leur donne une impression de sécurité. Mais lorsqu’ils voient des nouveaux visages tous les jours, ils sont confus et ont peur».
En plus d’un roulement important de soignants, M. Solkin a constaté que le personnel infirmier a aussi été réduit.
«On est passé de six à trois personnes pour trois étages. Elles n’ont pas le temps de nous donner le même niveau d’attention. Elles courent partout et ça affecte le service. Ça m’arrive d’obtenir les mauvais médicaments. Il y a des délais. Je dois souvent attendre pendant une heure dans mes excréments parce qu’il manque de personnel», soutient-il.
S’il estime que les médecins spécialistes offrent toujours un service de qualité, ces derniers ne seraient plus aussi disponibles.
«J’ai un cathéter qui doit être changé fréquemment. Sous le régime fédéral, un urologue venait tous les mois. Maintenant, il vient aux trois mois. J’ai eu une infection majeure de la vessie en 2017 à cause de ça», explique M. Solkin.
L’accessibilité aux soins en anglais représenterait également un enjeu.
En raison du processus judiciaire en cours, le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île a refusé de commenter, mais a tenu à réitérer son souci d’offrir aux anciens combattants tous les services auxquels ils ont droit.