Montréal

Les marchés publics toujours en santé à Montréal malgré des défis grandissants

Le marché Jean-Talon

Le marché Jean-Talon

Le signal d’alerte lancé dans les derniers jours par plusieurs commerçants quant à l’avenir du marché Jean-Talon n’est pas partagé par tous. Le modèle d’affaire des marchés publics est bel et bien en santé, soutiennent plusieurs.

«Le marché Jean-Talon est dans une période très intéressante, avec une équipe dynamique qui met de l’avant des projets. J’entends les [craintes des] producteurs qui sont là. Mais je vois aussi de nouveaux commerçants, qui innovent dans leur manière de faire», avance le directeur général de l’Association des marchés publics du Québec (AMPQ), Jean-Nick Trudel, en entrevue à Métro.

Depuis quelques jours, plusieurs clients et commerçants font part de leur crainte pour l’avenir du marché Jean-Talon alors que plusieurs échoppes sont laissées vides. Certains se plaignent toujours que la Ville ait réduit le nombre de places de stationnements autour du secteur.

Pour le responsable du développement des Marchés publics de Montréal (MPM), Nicolas Fabien-Cloutier, il faut tenir en compte que l’institution «fluctue». «Tout le monde veut que le marché aille bien. Cette année, il y a eu un certains remodelage. On a installé du nouveau mobilier, donc ça change le look du marché. Ça crée des espaces qui peuvent sembler plus vides», analyse-t-il.

«On se plaint de la disparitions de maraîchers. Mais si on dialoguait avec ces maraîchers, on saurait qu’ils prennent leurs vacances deux semaines au début du mois d’août», ajoute au passsage Jean-Nick Trudel.

«Certains maraîchers accusent du retard dans leur saison à cause du climat, et c’est un problème avec lequel on va devoir jongler dans les prochaines années. Mais dans l’ensemble, notre réseau se porte très bien. J’ai même des gestionnaires qui me disent que les clients rajeunissent et fréquentent de plus en plus leur marché.» -Jean-Nick Trudel

M. Fabien-Cloutier soutient que les craintes sont écoutées, mais observe que le marché est actuellement en période de tests. «Certains locataires qui avaient des grandes superficies n’ont pas renouvelé, observe le porte-parole des MPM. On a rentré de nouveaux locataires qui ont moins de superficie. Il faut comprendre que le marché n’est pas statique.»

Des avis divergents

De passage au marché mardi, Métro a pris le pouls des commerçants. «Je n’ai pas remarqué de baisse de clientèle, constate Myriam Binette, propriétaire d’un kiosque fleuriste au sein du marché montréalais. Oui, il y a une baisse de commerçants, mais il y a une réalité à laquelle les gens ne pensent pas: c’est qu’il n’y a pas de relève.»

«Je n’ai pas remarqué de baisse cette année. On la remarque sur sept ans, affirme pour sa part France Bisson, propriétaire du kiosque de la ferme René Lussier. Cette année, ça frappe plus: le manque de main-d’oeuvre est flagrant.»

«Ce n’est pas aussi grave que ça l’est. Le marché se porte bien aussi», ajoute un commerçant qui a tenu à rester anonyme. «Les producteurs ne viennent plus. Ils restent en campagne. C’est plus facile pour eux de vendre directement là», lance-t-il en contrepartie.

Une baisse de clientèle? Pas selon Mme Bisson. «Les ventes vont très bien», soutient la commerçante.

«Ou tu te dis: ça ne marche pas mes affaires, ou bien tu te dis: il faut que je me retrousse les manches. Il y a un potentiel: le marché ici, la fin de semaine, il est plein. Ça t’appartient en tant que commerçant de faire en sorte que la clientèle vienne.» – Myriam Binette, propriétaire de Binette et filles

Mme Binette craint que l’attitude de certains commerçants «tire la ficelle vers le bas».

Des clients magasinent au marché Jean-Talon. Photo: Josie Desmarais/Métro

Portrait positif

Pour M. Trudel, les marchés publics dans leur ensemble «vont très bien». «J’entends des producteurs qui sont au marché Jean-Talon et qui font de très bons chiffres», analyse-t-il.

«Je ne vois pas de baisse de commerçants. Je vois de nouveaux marchés publics apparaître. Je vois des producteurs se tourner de plus en plus vers les marchés publics pour leur commercialisation», poursuit le directeur général de l’AMPQ.

Selon le professeur à l’Université Laval (UL) Patrick Mundler, le milieu des marchés fermiers est toujours en réflexion. «Le nombre de marchés publics a beaucoup augmenté dans les dix ou quinze dernières années, de sorte qu’il y en a certains qui se sont lancés dans l’aventure sans avoir le bassin de clientèle espéré. Il y alors des réflexions sur des fusions ou des organisations qui permettent au marché de vivre», exprime le spécialiste en agriculture.

Il va falloir «s’entendre sur la mission d’un marché public», convient Nicolas Fabien-Cloutier. «On est les seuls lieux à Montréal qui offrent des emplacements commerciaux de vente directe en aussi haute concentration», affirme-t-il.

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