À l’approche de la rentrée, les groupes étudiants pour le climat ne chôment pas. Le mouvement populaire La Planète s’invite à l’université s’attend à une «bien plus grosse mobilisation» le 27 septembre. Mais on avance qu’une journée de grève «ne suffira pas».
Le printemps dernier, une mobilisation étudiante dans les écoles secondaires et les établissements d’enseignement supérieur de la province a abouti à une manifestation monstre à Montréal, le 15 mars. Selon les estimations de La Planète s’invite à l’université, 150 000 personnes ont marché dans les rues de la métropole ce jour-là.
«On est né de la volonté de quelques étudiants de l’Université de Montréal, raconte la porte-parole du collectif, Léa Ilardo. La mobilisation a pris une ampleur énorme en quelques jours, quelques semaines. À ce moment-là, on n’était pas prêts.»
Un manque d’expérience auquel le mouvement pense avoir remédié au cours de l’été. Un congrès aura d’ailleurs lieu à partir du 31 août pour «poser les fondations» du groupe et renouveler l’organigramme.
«On ne s’est vraiment pas éteint pendant l’été. Mais c’était un travail indispensable, un travail de fond», avance Léa Ilardo.
«Par une redéfinition des valeurs, on peut aussi avoir de nouvelles revendications», propose Léonard Leclerc, un nouveau membre du collectif. Il observe que le groupe devra s’appuyer sur les militants dans les écoles secondaires – regroupés notamment par le biais de la page Facebook Pour le futur Mtl – et les cégeps.
Manifestation globale
Prochaine étape: le 27 septembre. Une deuxième grève pour le climat déjà annoncée en février doit avoir lieu à cette date dans plusieurs écoles de la province.
«Je vois une bien plus grosse mobilisation le 27, confie Mme Ilardo. On savait que le 15 mars, c’était sous l’étiquette des étudiants. Ici, on veut que ce soit une mobilisation sociale.»
«On appelle nos parents, nos aînés à venir avec nous. Parce qu’on demande mieux.» – Léa Ilardo, porte-parole de La Planète s’invite à l’université
Après La Planète s’invite au parlement et La Planète s’invite à l’université, plusieurs collectifs pour la grève climatique ont vu le jour. Le groupe La Planète s’invite en santé a d’ailleurs été lancé jeudi à Montréal. Il regroupe des membres du système de santé québécois et vise à «soutenir le mouvement mondial de grève».
Grève générale illimitée?
En 2012, le «printemps érable» s’était étiré sur des mois partout au Québec. Si le mouvement étudiant pour le climat n’a pas encore engendré de grève de plus d’un jour, Léa Ilardo soutient que c’est une possibilité.
«Il y a des projets de prolonger la grève, confie-t-elle. On compte tâter le pouls de ce que ça va donner le 27 septembre. Est-ce que les gens sont prêts à continuer?»
«Dans le contexte où on se situe actuellement, la situation va continuer à s’aggraver. La crise climatique, ça exacerbe des inégalités sociales et économiques.» – Léa Ilardo
Appel au gouvernement
Une semaine après la grève du 15 mars, des représentants du mouvement étudiant ont rencontré le ministre provincial de l’Environnement, Benoit Charette. Cette réunion à première vue décevante, selon Léa Ilardo, a finalement porté quelques fruits.
«Notre mobilisation a fait bouger le discours du gouvernement. Il faut savoir que la [Coalition avenir Québec] a tenu son conseil général sur le thème de l’économie verte. Pendant la campagne, la CAQ ne parlait pas du tout d’environnement», souligne-t-elle.
Cet été, le collectif étudiant s’est joint au Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (CENTRERE) de l’UQAM pour demander une stratégie nationale d’éducation à l’environnement.
«C’est un ensemble de stratégies qui feront en sorte qu’à travers le système d’éducation, les jeunes recevront une formation relative à l’environnement», explique la directrice du CENTRERE, Lucie Sauvé. Cette proposition a été présenté devant le gouvernement le 8 mai.
Léa Ilardo espère que des alliances comme celles-ci pourront faire bouger leurs pions à l’Assemblée nationale. «Tous les partis d’opposition se réunissent derrière cette stratégie, se réjouit-elle. Il nous manque le parti du gouvernement.»