Montréal

La stagnation, voire «le déclin» de Communauto est à prévoir, juge Turo

Communauto

Un véhicule en libre-service de Communauto.

Alors que Car2Go quittera bientôt Montréal, la plateforme américaine de location de voitures entre particuliers Turo prédit «la stagnation, voire même le déclin» des modèles d’autopartage basés sur des flottes de véhicules, y compris Communauto. L’entreprise québécoise rejette pour sa part cet argument «inutile» dans un contexte d’évolution de la mobilité.

«On prédit depuis assez longtemps le déclin de ces modèles pour deux principales raisons: la structure économique et l’abondance de la concurrence», explique à Métro le directeur général de Turo Canada, Cédric Mathieu.

Il estime que l’autopartage contrôlé par des flottes de véhicules est «gourmand en capital», et qu’il ne permet pas une croissance rapide. «Il y a toujours une nécessité d’investissements importants pour acquérir, entretenir et garer les véhicules. Ça exerce de surcroît une pression sur les infrastructures de stationnement de la Ville, ce qui créé un problème supplémentaire pour les opérateurs», dit-il.

Pour le dg de Turo, des entreprises comme Car2Go ou Communauto subissent également une concurrence «de plus en plus féroce» des grands joueurs comme Uber. Ce qui met leur pérennité en péril, selon lui.

«Ils fournissent une expérience qui a du mal à rivaliser avec les entreprises de transport de personnes. Le prix est assez similaire, sauf qu’il faut conduire, se stationner, et le consommateur s’y retrouve moins», juge-t-il.

Communauto rejette en bloc

Appelé à réagir, le vice-président de Communauto, Marco Viviani, ne partage pas du tout le même point de vue. Selon lui, la considération de Turo n’est «basée sur pas grand-chose, si ce n’est que la promotion de ses services».

«Ce n’est pas parce que Car2Go ne résiste pas dans son créneau qu’on peut transposer ça à d’autres entreprises. Moi, je suis persuadé que l’autopartage par flottes de véhicules se porte très bien. On en est l’exemple parfait.» – Marco Viviani, VP de Communauto

Le porte-parole ajoute que cette opinion «pas très fondée et inutile au débat» n’a pour effet que de mettre en compétition les entreprises d’autopartage, alors que celles-ci auraient intérêt à collaborer.

«Ensemble, on peut apporter des solutions différentes, insiste Marco Viviani. Nos modèles peuvent coexister, même s’ils n’ont pas les mêmes caractéristiques.» Il estime que l’offre entre particuliers, malgré le fait qu’elle soit sur le marché depuis une décennie, «n’a jamais été soutenable d’un point de vue économique».

Communauto ajoute que l’autopartage entre pairs «n’a pas à investir dans les véhicules, certes, mais qu’il est plus cher et moins disponible». «Difficile faire les courses le samedi ou visiter les amis en banlieue avec Turo», illustre l’entreprise.

Plus pour l’écologie?

S’il reconnaît que des joueurs importants comme Communauto ont permis de changer les mentalités à l’égard de l’autopartage dans les 25 dernières années, Cédric Mathieu est catégorique.

«On parle d’environ 3000 véhicules pour Communauto, alors que Turo a déjà une flotte de 30 000 voitures à louer en trois ans et demi seulement. L’autopartage se porte bien, mais selon nous, sa croissance est désormais portée par des modèles différents, comme le nôtre.» – Cédric Mathieu, DG de Turo Canada

L’offre de Turo – souvent décrite comme le «Airbnb» des voitures – est beaucoup plus écologique, soutient le principal intéressé. «L’argument des flottes de véhicules en autopartage, c’est que ça retire des voitures de la route à long terme. C’est peut-être vrai sur le long terme, mais pas sur le court terme», juge M. Mathieu.

À ce sujet, Communauto réplique avec des données de l’Enquête nationale sur l’autopartage réalisée par l’Agence de l’environnement de la maîtrise de l’énergie (ADEME) en 2019. Selon celle-ci, l’autopartage en station retirerait notamment plus de voitures privées des routes que l’autopartage entre pairs; 5 à 8 dans le premier cas et 3,4 à 4,4 dans le second.

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