Montréal

Gestion des déchets: Montréal doit-elle prioriser le recyclage ou la réduction à la source?

déchets

La Ville entend détourner 85% des déchets de l'enfouissement d'ici 2030.

Alors que l’industrie du plastique presse la Ville d’améliorer ses techniques de recyclage, des organismes demandent plutôt à l’administration de Valérie Plante d’opter pour la réduction à la source de la quantité de déchets produite.

La Commission sur l’environnement a tenu mercredi avant-midi à l’hôtel de ville la dernière séance d’audience des mémoires dans le cadre de la consultation sur le nouveau Plan de gestion des matières résiduelles 2020-2025 de la Ville.

Celui-ci se donne l’objectif ambitieux de détourner 70% des déchets de la métropole de l’enfouissement d’ici cinq ans. Un pourcentage qui devrait grimper à 85% en 2030.

Pour atteindre cette cible, la Ville compte s’attaquer au gaspillage alimentaire, qu’elle entend réduire de 50% en cinq ans. Elle veut aussi réduire le plus possible le gaspillage vestimentaire.

Mercredi, le débat a toutefois porté sur un autre enjeu de taille : la lutte contre le plastique à usage unique.

«Ça prend un changement radical. Ça devrait être complètement interdit de vendre un produit qui n’est pas recyclable et qui ne contient pas un minimum de contenu recyclé», a martelé la chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, Louise Hénault-Éthier. 

Techniques de recyclage

L’an dernier, la mairesse de Montréal a pris l’engagement d’appliquer dès le printemps 2020 une politique qui réduira l’utilisation des contenants en styromousse et ceux en plastique à usage unique. Le gouvernement fédéral, pour sa part, les interdira en 2021.

«Au lieu de passer du temps à interdire les emballages de plastique, nous devrions chercher à améliorer la collecte et le tri des emballages de plastique», a pour sa part affirmé le porte-parole pour le Québec de l’Association canadienne de l’industrie des plastiques, Stephen Tramley.

Ce dernier presse les autorités de moderniser les techniques utilisées dans les centres de tri afin que les sacs de plastique minces puissent être recyclés. M. Tramley a par ailleurs affirmé que l’impact environnemental des sacs minces est moins grand que celle des sacs réutilisables en plastique ou en coton. Ils doivent être utilisés dans certains cas des centaines de fois avant d’avoir un impact écologique moindre que ceux en plastique mince.

Le commissaire Jérôme Normand, qui est conseiller dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, a toutefois rappelé que ce sont principalement des sacs de plastique mince que l’on retrouve dans l’espace public. On peut notamment les voir accrochés dans les arbres ou flottant sur le fleuve Saint-Laurent, a-t-il souligné.

«C’est un facteur important à prendre en compte», estime l’élu de Projet Montréal. 

En 2018, l’administration de Valérie Plante a mis en place un règlement qui interdit la distribution de sacs de plastique mince dans les commerces de la métropole. Dans plusieurs épiceries, ils ont été remplacés par des sacs de plastique plus épais ou en papier.

Réduire à la source

Selon plusieurs organismes, c’est à l’ensemble des produits à usage unique qu’il faut s’attaquer. Le remplacement des gobelets en plastique pour leur équivalent en carton, par exemple, risque de contribuer à la déforestation et à «la dégradation des milieux naturels», rappelle Greenpeace dans son mémoire

«Il faut s’assurer que la matière que l’on remplace ne crée pas un autre problème», a évoqué le directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, Karel Ménard. 

«Ce qui ressort beaucoup de la consultation, c’est l’importance de miser sur la réduction à la source», a d’ailleurs concédé la commissaire Lisa Christensen, qui est conseillère dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles. 

Afin d’atteindre sa cible de réduire de 10% la quantité de déchets produite par habitant d’ici 2025, la Ville pourrait se tourner vers la mise en place de mesures écofiscales. À cet égard, M. Ménard propose la mise en place d’un système de tarification des déchets, comme l’a fait Beaconsfield.

La commission permanente doit maintenant rédiger les recommandations qu’elle fera à la Ville, laquelle aura ensuite la tâche de passer à l’action en mettant en place des mesures concrètes pour mieux gérer les matières résiduelles de son territoire.

Articles récents du même sujet

Exit mobile version