Montréal

Coronavirus: deux Montréalais à bord du Diamond Princess racontent leur quarantaine

Manon Trudel et Julien Bergeron sont à bord du Diamond Princess, le bateau de croisière en quarantaine, coincé à Yokohama au Japon à cause de cas de coronavirus.

Manon Trudel et Julien Bergeron sont à bord du Diamond Princess, le bateau de croisière en quarantaine, coincé à Yokohama au Japon à cause de cas de coronavirus.

Parmi les 3700 passagers en quarantaine sur le Diamond Princess, à quai à Yokohama, deux Montréalais sont cloitrés dans leur chambre, en raison d’une épidémie de coronavirus à bord. Avec pour seul bol d’air frais, une marche d’une heure trente, tous les trois jours.

Manon Trudel et Julien Bergeron sont partis de Montréal le 14 janvier, en direction du Japon. Ils devaient enchaîner une autre croisière pour retrouver leur résidence en avril. Après qu’un cas de coronavirus ait été confirmé, le bateau a été mis en quarantaine le 5 février. Cette période de mise à l’écart devrait durer « au moins 14 jours à compter du 5 février », précise Krystyna Dodds, porte-parole d’Affaires mondiales du Canada.

Parmi les 135 cas d’infection au coronavirus confirmés chez les passagers du Diamond Princess, on compte huit canadiens. Les deux résidents de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles ne sont pas du lot.

« On nous demande de prendre notre température toutes les deux heures, nous n’avons pas de fièvre », explique Julien Bergeron, retraité de la Ville de Montréal.

Les passagers disposent de numéros d’appels d’urgence à bord en cas de fièvre.

Les tests avaient été, au départ, limités aux personnes avec des symptômes ou ayant été en contact avec le passager débarqué précédemment à Hong Kong, porteur du virus. Ces tests ont ensuite été étendus aux sujets vulnérables, notamment les personnes ayant été en contact avec les nouveaux cas de contamination.

« On a l’impression d’être des cobayes »

Du côté du moral, c’est tout autre chose. Même si en entrevue vidéo le duo affiche un sourire d’espoir, leur stress est palpable. « On a très peu d’informations, même si nous avons des messages du personnel fréquemment. On sait combien de cas de coronavirus il y a à bord, quel temps il fait dehors… On se sent seuls et pas informés », explique Julien Bergeron.

Ne pas savoir comment va évoluer la situation est source de stress pour Manon Trudel et Julien Bergeron. « On ne sait pas ce qu’il va se passer. Au début, les médecins nous disaient qu’il y avait peu de chances que le coronavirus soit sur le bateau… Mais là, on en est à 135 cas ! », affirme M. Bergeron.

La plus grosse angoisse de Mme Trudel ? Qu’elle et son conjoint soient séparés en cas de contamination, « ce serait le pire qui puisse nous arriver », pense la passagère. Elle précise aussi que la connexion internet lui permet de garder le contact avec ses proches, « sans ça, personne ne saurait si je suis toujours vivante ».

Afin d’économiser un peu lors de leur voyage, le couple de sexagénaire a choisi une cabine sans hublot. Difficile pour eux de savoir ce qu’il se passe à l’extérieur. « Ça nous rajoute du stress de ne rien voir. Est-ce qu’il y a des personnes décédées ? On n’en sait rien », regrette Mme Trudel.

Le personnel à bord recommande de porter des gants, des masques et de se tenir à plus de deux mètres des passagers. Des repas « aux horaires irréguliers » sont distribués ainsi que des bouteilles d’eau.

Concernant les mesures d’hygiène, Mme Trudel, qui enseigne la santé et la sécurité au travail au Cégep de Sorel-Tracy, trouve qu’il y a beaucoup d’improvisation. Elle précise qu’au départ, les gants n’étaient pas obligatoires puis le sont devenus. « On a l’impression d’être des cobayes », souffle Manon Trudel.

Concernant les masques de protection, Mme Trudel explique « avoir fait une demande pour avoir des masques adéquats, parce que ceux que l’on avait ne l’étaient pas ». Elle s’inquiète surtout pour le renouvellement de l’air dans sa cabine, la contamination par contact avec les surfaces, avec le linge porté par les préposés…

« Il faut que les autorités trouvent un moyen de les sortir du bateau »

Malgré ses appels, le couple « ne sent pas de support de la part de gouvernement ». « Nous avons appelé l’ambassade canadienne du Japon, un message nous a dit qu’ils rappelleraient, mais on attend toujours », explique Manon Trudel. Les deux Montréalais affirment qu’ils ont reçu un message de courtoisie de la part du gouvernement provincial.

Flavie Trudel, sœur de Manon Trudel en appelle aux autorités, elle pense qu’« il faut qu’ils trouvent un moyen de les sortir du bateau, de les mettre en quarantaine dans un lieu sûr, pas dans un trou ! ». Elle craint aussi pour la santé « physique et mentale » de sa sœur et son beau-frère. « Plus les jours passent, plus ils vont avoir de la peine à combattre le virus, s’ils viennent à être infectés. »

Les passagers montréalais indiquent que leur croisière sera remboursée. « On nous a proposé un crédit pour une future croisière avant février 2020, mais on n’est pas convaincus de vouloir en faire une nouvelle ! » Ce que ces Pointeliers espèrent, c’est vite rentrer chez eux. En attendant, le couple prend son mal en patience, « regarde des parties de hockey, on appelle les proches, on mange ». Ils passeront la Saint-Valentin à bord du Diamond Princess mais espèrent que cela sera terminé « le 2 mars, jour de l’anniversaire de Julien ».

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