Signe que la crise du coronavirus appelle à des actions d’envergure, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a décrété lundi l’état d’urgence sur tout son territoire pour une période «indéterminée». L’objectif serait de maximiser les effectifs présents sur le terrain pour mieux gérer les interventions reliées à la COVID-19.
«C’est entré en vigueur ce matin», confirme le porte-parole du corps policier, Renaud Beauchemin. Selon lui, plusieurs mesures seront mises en place dès aujourd’hui. Le but est de «donner plus de flexibilité opérationnelle» au SPVM. Ses patrouilleurs sont effectivement particulièrement sollicités ces jours-ci.
«On parle d’heures qui pourront être prolongées par exemple. Il y a des policiers qui vont devoir rentrer quand ils auraient normalement des congés.» -Renaud Beauchemin, porte-parole du SPVM
Ainsi, les policiers seront répartis sur deux quarts de 12 heures, soit de jour ou de nuit, plutôt que trois. «Un plus grand nombre de policiers se trouveront donc sur le terrain en même temps», illustre le responsable. Des patrouilleurs de postes de quartier seront assignés à ces nouveaux horaires dès mardi, alors qu’une autre partie du personnel demeurera en télétravail.
C’est l’article 12 de la convention collective 2015-2021 des policiers du SPVM qui prévoit le décret de cet état d’urgence. Il stipule que le Directeur a le droit durant cette période «de changer les heures de travail et de garder en devoir le policier en dehors de ses heures régulières». Il est aussi permis de «changer toute période de vacances ou de faire travailler le policier durant les jours de congé hebdomadaire».
Le SPVM précise par ailleurs qu’il s’agit «d’une mesure préventive qui ne donne pas de pouvoirs supplémentaires aux policiers».
Des défis à relever, dit le syndicat
Le porte-parole de la Fraternité des policiers de Montréal (FPM), Martin Desrochers, affirme «qu’il y a eu concertation» avec ses membres. Des discussions entre son groupe et l’administration du SPVM ont effectivement eu lieu dans les derniers jours.
Malgré tout, ces nouvelles réalités amèneront son lot d’enjeux pour les policiers de la métropole, juge le porte-parole.
«Il y a des défis au niveau des équipements de protection, notamment.» -Martin Desrochers, porte-parole de la FPM
Jusqu’à 2500 policiers du SPVM doivent recevoir dans les prochains jours une formation à propos du port du masque N-95. Ce dernier devra être utilisé «en tout temps» pendant une intervention auprès d’une personne infectée par le coronavirus. Près de 1000 policiers ont déjà été sensibilisés.
C’est la première fois en plus de 20 ans que la police de Montréal décrète l’état d’urgence. Selon des informations de La Presse, qui a d’abord révélé la nouvelle dimanche soir, même des enquêteurs de différentes sections pourraient être «mis à contribution» et venir en appui à leurs collègues-patrouilleurs sur le terrain, tant la situation est urgente.
Des jours de congés consécutifs seraient aussi prévus pour permettre aux agents de se reposer, et de se protéger.
La police particulièrement active
En date de samedi dernier, le SPVM avait déjà effectué pas moins de 80 interventions pour disperser des groupes dans l’espace public, alors qu’un décret ministériel provincial interdit dorénavant toute forme de rassemblement dans la province.
«Dans un cas où les personnes seraient récalcitrantes, elles pourraient s’exposer à une amende de 1000$», souligne l’agente-relationniste Véronique Comtois.
Rappelons que Montréal n’est pas la seule ville à devoir intervenir pour assurer la distanciation sociale. Dans la nuit de samedi à dimanche, le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) avait déjà procédé à une dizaine d’interventions.
La semaine dernière, la police de Montréal a fermé temporairement au public ses comptoirs de service dans ses postes de quartier et dans toutes ses installations afin de prévenir la propagation du coronavirus.