La Direction régionale de la santé publique de Montréal (DRSP) lance une nouvelle application web. Objectif: développer une cartographie plus précise des cas potentiels et des populations plus vulnérables au coronavirus. Environ 6000 Montréalais auraient déjà utilisé la nouvelle plateforme, développée et traduite par l’Université de Toronto.
Aplatir.ca (en anglais, Flatten) offre depuis vendredi la possibilité aux résidents de la métropole de remplir un formulaire de quelques questions «simples» à propos de leurs symptômes qui «pourraient s’apparenter» à la COVID-19.
Frissons, toux, problèmes respiratoires ou encore douleurs d’articulations sont autant d’exemples couverts par le court questionnaire. Ce dernier a déjà rempli par près de 300 000 personnes à travers le Canada.
Seuls les trois premiers caractères du code postal seront demandés à l’usager pour localiser l’arrondissement de celui-ci.
«On ne retracera pas précisément les gens grâce à cette application. Par contre, elle nous permettra d’avoir un meilleur portrait de la situation.» -Dre Mylène Drouin, directrice de la santé publique à Montréal
Presque 3000 cas de coronavirus
Jusqu’ici, 2837 cas de coronavirus ont été confirmés dans la métropole, dont 29 décès y étant directement liés. Environ 175 travailleurs du réseau de la santé ont contracté la COVID-19. Plus d’une vingtaine d’éclosions ont aussi été observées dans des CHSLD ou des résidences pour personnes âgées (RPA).
Appelé à réagir, le responsable de la Ville intelligente au comité exécutif de Montréal, François William Croteau, a indiqué que l’initiative «va nous aider à aplanir la courbe» davantage. «C’était pour nous important de mettre l’épaule à la roue, à tous les points de vue», lance-t-il.
L’élu municipal a par ailleurs salué le «travail extraordinaire» des employés du Service des technologies de l’information de la Ville, qui ont collaboré de près à ce dossier.
«C’est eux qui font en sorte que les services continuent, que nos employés peuvent travailler à distance, que le conseil municipal puisse continuer à se maintenir. Ces gens travaillent dans l’ombre, mais ils font des heures incroyables.» -François William Croteau, responsable de la Ville intelligente
Des critères qui ont changé
S’ils étaient inchangés jusqu’ici, les critères de priorisation pour les tests de dépistage ont été modifiés dans les derniers jours.
«On privilégie dorénavant les endroits où il y a éclosion. Les travailleurs de la santé, les patients hospitalisés et les groupes prioritaires vont être particulièrement ciblés», avance Mme Drouin. Questionnée à savoir si l’explosion des cas à Montréal était inquiétante, elle s’est faite nuancée. «On n’a pas doublé nos cas quotidiens aux deux ou trois jours comme c’est le cas ailleurs. Mais c’est sûr qu’on est dans la période où il y a le plus de virus qui circule dans la communauté», ajoute-t-elle.
D’ailleurs, la DRSP n’exclut pas de faire du «out-reach» dans certains arrondissements. Cela consiste à cibler directement une population locale pour sensibiliser celle-ci à l’importance du dépistage.
«On se demande si les gens ont vraiment compris le services dans certains quartiers. Peut-être que dans certaines communautés culturelles, le message n’est pas encore bien compris.» -Dre Mylène Drouin, directrice de la santé publique à Montréal
À l’approche des fêtes traditionnelles de Pâques, Mylène Drouin appelle toute la population à «respecter les règles de distanciation».
«Il faut trouver d’autres alternatives pour célébrer. Les rassemblements ne seront pas tolérés», tonne-t-elle. Une présence policière «accrue» sera déployée dans les rues de Montréal en fin de semaine. Des amendes pouvant grimper jusqu’à 6000$ seront remises aux personnes refusant de se plier aux règles.