Montréal

Coronavirus: le SPVM appelé à faire preuve d’indulgence à l’égard des itinérants

Itinérance

Selon le dernier recensement, il y a 3149 itinérants à Montréal en ne tenant pas compte de l’itinérance cachée. Du nombre, 23% sont des femmes.

Des organismes pressent le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de faire preuve d’indulgence à l’égard des itinérants qui continuent à dormir à l’extérieur pendant la crise du coronavirus.

Ces derniers jours, la Ville a multiplié les efforts pour venir en aide aux sans-abri, alors que plusieurs refuges traditionnels ont dû revoir à la baisse leur capacité pour limiter les risques de propagation du virus entre leurs murs.

Ainsi, plusieurs nouvelles ressources dans les quartiers centraux ont vu le jour afin d’ajouter environ 350 lits à la disposition des sans-abri. Ces nouveaux refuges se situent notamment au Marché Bonsecours et au Centre Jean-Claude Malépart, dans le quartier Centre-Sud, ainsi qu’au sein de l’Hôtel l’Abri du voyageur, où la Ville a réquisitionné 30 chambres.

L’unité d’urgence de l’hôpital Royal-Victoria a par ailleurs été convertie pour devenir un lieu d’isolement qui compte 100 lits destinés aux personnes en situation d’itinérance testés positifs au coronavirus. Contacté par Métro mardi, le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal a indiqué que six personnes itinérantes s’y trouvent actuellement.

Un individu dans cette situation ayant trouvé la mort récemment, cela porte à sept le nombre de sans-abri ayant contracté le coronavirus jusqu’à maintenant à Montréal, selon les chiffres officiels.

Distanciation sociale difficile

La majorité de ces nouvelles ressources sont toutefois déjà très achalandées, soulèvent des organismes.

«La Ville et la santé publique continuent de demander aux itinérants d’aller dans des dortoirs avec plein d’autres personnes», constate la superviseure par intérim au Projet des Travailleuses de Soutien Autochtones à Montréal, Anita Schoepp.

Plusieurs sans-abri, dont la santé est déjà précaire, craindraient d’ailleurs de se rendre dans ces ressources par crainte de contracter le coronavirus.

«Les itinérants nous disent ne pas se sentir en situation de sécurité dans les refuges d’urgence parce que les mesures de distanciation sociale ne sont pas respectées», évoque pour sa part la coordonnatrice des services en itinérance de l’organisme Plein Milieu, Ann Lalumière.

Tolérance policière

Afin d’aider les sans-abri qui continueront de dormir à l’extérieur dans les prochains jours à respecter les règles de distanciation sociale, l’organisme a commencé à leur distribuer des tentes individuelles.

Le hic, c’est que le SPVM a l’habitude de réclamer le démantèlement de campements dans les lieux publics. Les sans-abri doivent alors quitter les lieux et tenter de trouver un autre endroit où s’installer, alors même que les autorités de la santé publique découragent les déplacements entre les quartiers de la métropole.

«Ça force les personnes itinérantes à être constamment en mouvement, ce qui les met en danger de même que les intervenants qui leur viennent en aide», souligne Mme Lalumière. 

Un constat que partage Mme Schoepp.

«Les personnes itinérantes se déplacent autour de la ville continuellement. Et si le SPVM les réprimande, ils vont continuer à se promener sans arrêt et ça va être plus difficile pour nous de les aider», prévient-elle.

«Ce sont les ingrédients d’une situation catastrophique.» –Anita Schoepp, superviseure par intérim au Projet des Travailleuses de Soutien Autochtones à Montréal

Pour prévenir une telle situation, les deux organismes demandent au SPVM de faire preuve d’indulgence et de cesser de réclamer le démantèlement des campements d’itinérants, en particulier ceux qui respectent les principes de distanciation sociale.

Une proposition risquée, selon la Ville

Au moment d’écrire ces lignes, le SPVM n’avait pas répondu aux questions de Métro.

«Les initiatives qui ne sont pas attachées avec la santé publique, en ce moment, ça m’inquiète», a pour sa part réagi à Métro le protecteur des personnes en situation d’itinérance à la Ville, Serge Lareault. 

Ce dernier estime plutôt qu’il faut miser sur les ressources d’accueil pour les sans-abri, dont le nombre devrait continuer d’augmenter dans les prochains jours.

«On va ouvrir d’autres hôtels pour accueillir les personnes itinérantes qui ne sont pas en mesure de trouver une place dans les refuges existants», a-t-il assuré. 

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