La STM veut se préparer au «post-confinement», alors que l’achalandage dans son réseau a largement chuté dans les dernières semaines. Des discussions ont été entamées dans les derniers jours avec des représentants du monde des affaires et de la santé publique. L’un des objectifs serait de déterminer comment il sera possible d’adapter les principes de distanciation à la réalité du transport collectif.
«On regarde avec la santé publique s’il serait possible que les règles de deux mètres soient mitigées, en prenant différentes mesures [pour limiter les risques de transmission]», explique à Métro le président du conseil d’administration de la société de transport, Philippe Schnobb.
Il ajoute que la STM devra réfléchir «à différents moyens d’intervention avec les grands employeurs pour étaler les heures de pointe».
«On fournit toutes nos données sur l’achalandage prévisible à la santé publique. C’est sûr qu’on reviendra à la normale un jour, mais on aura du travail à faire pour reprendre nos habitudes. On pourra aussi en tirer des leçons.» -Philippe Schnobb, président de la STM
La Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), qui représente plusieurs entreprises au centre-ville notamment, participera «activement» aux discussions. «Le redémarrage de l’économie se fera sans doute de manière progressive, secteur par secteur. Il sera important de donner aux entreprises concernées un préavis afin qu’elles puissent se préparer correctement à relancer leur activités et éviter ainsi des enjeux d’approvisionnement. Il faudra également prévoir un protocole clair afin de rassurer les employés», indique son président, Michel Leblanc.
La STM promet de partager «tous les résultats» de cette démarche d’ici quelques jours avec le grand public. «L’idée, ce n’est pas de faire ça en catimini, mais bien de rassurer nos usagers pour l’avenir», ajoute M. Schnobb.
«Diminuer la pression»
Pour l’expert en planification des transports, Pierre Barrieau, la STM va devoir travailler dans les prochaines semaines à «dédensifier ses véhicules».
«Avec le volume traditionnel de passagers qu’on a dans le métro, c’est impossible de penser qu’on pourra respecter les règles sanitaires, ni même d’arriver à quelque chose qui s’en approche, observe le chargé de cours à l’UdeM. Ça prend donc des solutions pour diminuer la pression sur le réseau.»
«La transition ne sera pas facile, mais si on veut redémarrer l’économie, la STM va être l’un des joueurs les plus importants. Les gens n’ont pas tous le choix de prendre le transport collectif. C’est la vitalité du centre-ville qui en dépend.» -Pierre Barrieau, expert en transports
D’ailleurs, la société de transport pourrait envisager, lors de la reprise économique, de ne plus vendre de billets en personne, selon le spécialiste. «C’est une mesure que plusieurs joueurs ont adopté dans le monde. Il faudra également adopter des protocoles de stérilisation beaucoup plus fréquents pour ce qui est des machines automatiques», lance M. Barrieau.
Ce dernier souligne qu’il pourrait être possible de «forcer les gens à adopter des horaires atypiques» en gardant des fréquences de passage identiques, tout au long de la semaine. «C’est le nerf de la guerre, dit-il. Sinon, d’aucune façon on ne pourra avancer.»
Montréal veut des «bonnes solutions»
Mardi, lors d’une conférence en ligne organisée par la CCMM, la mairesse de Montréal Valérie Plante a indiqué qu’elle était présentement en discussions avec la STM et l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) pour trouver de «bonnes solutions» afin de permettre le respect de la distanciation sociale dans le transport en commun.
«Comment va-t-on redémarrer l’économie tout en respectant la distanciation sociale de deux mètres? C’est un enjeu majeur.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal
La Ville n’exclut pas de revoir l’occupation du domaine public, comme les rues et les trottoirs, pour s’adapter à cette situation. Montréal a déjà élargi les trottoirs sur un tronçon de l’avenue du Mont-Royal pour faciliter les déplacements des piétons sur cette artère commerciale.
Mercredi dernier, le premier ministre François Legault a indiqué que la consigne de deux mètres entre les individus demeurera en vigueur pendant «des mois» au Québec.