Montréal

CHSLD: la situation dans l’est de Montréal pourrait basculer

Le CHSLD Jean-François-Perreault, derrière une affiche du CIUSSS de l'Est de l'île de Montréal

Le CHSLD Joseph-François-Perreault est le plus touché de l'Est. Près de la moitié des résidents sont infectés.

Clara Loiseau, Félix Lacerte-Gauthier et Naomie Gelper

Outre deux zones chaudes, les éclosions de coronavirus dans les CHSLD de l’est de Montréal sont moins critiques que celles de l’ouest et du nord de la ville. Toutefois, la situation pourrait basculer, disent les syndicats des employés de la santé.

Selon des documents officiels, 25 établissements dans l’est sont touchés par des cas de coronavirus. Là-dessus, 15 sont gérés par le Centre universitaire intégré de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. Les autres sont des établissements privés.

Le plus durement atteint est le CHSLD Joseph-François-Perreault. Au 22 avril, on y déplorait 26 décès et 93 cas positifs (48% des résidents). Il est suivi du CHSLD Nicolet, 9 décès et 59 cas (41%), et du CHSLD Jean-Hubert-Biermans, 10 décès et 46 cas (26%).

À l’inverse, sept CHSLD de l’est de Montréal présentaient moins de cinq cas. Sur les 25 établissements, onze n’avaient toujours pas comptabilisé de décès.

Situation sous contrôle, selon le CIUSSS

Quelque 575 employés du CIUSSS de l’Est sont atteints de la COVID-19, révèle le conseiller en communication, Christian Merciari.

Pour les remplacer, le CIUSSS a embauché exactement 575 travailleurs depuis le début de la pandémie.

Alors que de nombreux appels à l’aide se font entendre dans les CHSLD du Québec, le CIUSSS de l’Est assure avoir «le personnel nécessaire pour donner tous les soins en toute sécurité». La campagne de recrutement reste tout de même un «enjeu [qui] continu d’être au premier plan», indique Christian Merciari.

Ce dernier ajoute qu’«il n’y a pas de pénurie» d’équipements de protection pour les travailleurs».

2379 : C’est le nombre total de cas de coronavirus comptabilisé sur le territoire couvert par le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. C’est le nombre le plus élevé parmi les cinq CIUSSS de la métropole. Il compte toutefois moins de cas dans ses CHSLD que ceux de l’ouest et du nord de Montréal.

Une vision contestée par le syndicat

«Nos membres font ce qu’ils peuvent. Ça fait longtemps qu’on dénonce les ratios trop bas de personnel en CHSLD», souligne Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal (SPS-ESTIM).

Selon lui, les gouvernements et les gestionnaires doivent donner un énorme coup de barre pour redresser la situation, d’autant que les renforts promis n’ont pas l’effet attendu. «Ils parviennent tout juste à remplacer les gens qui tombent malades», affirme Denis Cloutier.

Le président syndical s’inquiète également d’un manque d’équipements, constatant que le minimum devient la norme. M. Cloutier s’alarme aussi de voir des protocoles visant la réutilisation de masques censés être à usage unique.

«Il y a un manque d’équipements de base. Il manque de visières; on n’a pas de blouse en quantité suffisante. On a des masques, mais lorsqu’on parle de quantité suffisante, c’est en les rationnant à un ou deux par quart de travail.»

Une expérience difficile

Une infirmière auxiliaire au CHSLD de Saint-Michel a accepté de témoigner sous le couvert de l’anonymat. Elle fait partie de ces employés qui sont tombés au combat en attrapant la COVID-19.

«Ils savaient déjà ce qui allait arriver, et on avait un protocole de préparé, mais ça n’a pas été appliqué quand les premiers cas positifs se sont déclarés. Une chef d’unité expliquait que c’est parce qu’il n’y avait pas assez de personnel pour cela», révèle l’auxiliaire.

Elle explique que son CHSLD est affilié à celui voisin de François-Perrault, et que même après les premiers cas positifs dans cet établissement, des employés faisaient encore la navette entre les deux centres, contribuant à propager le virus, à son avis.

«On rentre et sort dans des chambres positives, puis négatives. On a beau faire attention, c’est sûr que ça va arriver. C’était juste une question de temps», se désole-t-elle.

Sans compter que les masques étaient rationnés selon ses dires. Ils sont ainsi passés de deux par jour à un seul, par employé pour chaque journée de travail.

«On est plusieurs employés à avoir testé positif. Ça aurait pu être évité s’ils étaient organisés, croit-elle. L’expérience était très désagréable, et frustrante.»

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