Les conditions d’incarcération des détenus à risque d’avoir contracté le coronavirus s’améliorent quelque peu à la prison de Bordeaux. Les inquiétudes demeurent toutefois vives alors que le nombre de cas positifs continue d’augmenter dans l’établissement.
En date de lundi, l’Établissement de détention de Montréal (Bordeaux) recense 49 détenus atteints du coronavirus sur un total de 909. Ceux-ci se retrouvent tous dans deux secteurs de la prison provinciale qui sont en confinement total pour limiter les risques de propagation du virus ailleurs dans l’établissement.
Appels téléphoniques
Dans les dernières semaines, des proches de détenus de même que plusieurs organismes ont déploré les conditions de détention des personnes qui se retrouvent dans les zones en confinement de l’établissement carcéral. Leurs demandes commencent toutefois à trouver un écho. Depuis quelques jours, les détenus ont notamment accès plus régulièrement à des téléphones cellulaires qui sont nettoyés après chaque utilisation, a confirmé à Métro le ministère de la Sécurité publique du Québec (MSP).
«En tant que proche, c’est sûr que juste le fait d’avoir accès à un téléphone pour contacter les autres, ça fait chaud au cœur», commente Jean-Louis Nguyen. Pour la première fois depuis plus de deux semaines, ce dernier a pu entrer en contact vendredi dernier avec son conjoint, qui purge une peine de 28 mois pour trafic de drogue. Le MSP indique d’ailleurs avoir fait l’acquisition de plus de téléphones cellulaires en vue de réduire l’attente des détenus désirant utiliser ceux-ci.
Les conditions des détenus dans les secteurs confinés sont toutefois encore loin d’être suffisantes, selon plusieurs proches. Des prisonniers peineraient à avoir accès à une douche, notamment.
«Ils ne sortent de leur chambre qu’une fois par jour», déplore notamment Alexis Fraser-Maxwell, la conjointe d’un détenu de la prison de Bordeaux.
Dépistage
Des tests de dépistage commencent aussi à être faits en plus grand nombre. M. Nguyen espère ainsi qu’une telle initiative facilitera ensuite les transferts de détenus testés négatifs vers les autres secteurs de l’établissement, où ils ont accès à plus de services. S’il confirme que de tels transferts sont envisagés, le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ-CSN) appelle à la prudence.
«Il faut éviter de déplacer des asymptomatiques vers d’autres secteurs. Les mesures de confinement ont été mises en place pour éviter de déplacer le virus dans d’autres secteurs», rappelle son président, Mathieu Lavoie.
Par courriel, le MSP indique avoir obligé tous les employés des services correctionnels à porter un masque «en tout temps lorsqu’ils franchissent les portes de l’établissement». Les agents de la prison de Bordeaux craignent toutefois de faire face à un manque d’équipements de protection individuels.
«On a besoin des mesures de protection adéquates et de ce côté-là, je vous dirais qu’il y a certaines failles», confie M. Lavoie.
«Si on arrive une semaine et qu’on n’en a plus [d’équipements de protection], ça va être problématique.» -Mathieu Lavoie, président du SAPSCQ-CSN
Un manque d’employés commence aussi à se faire sentir alors que l’établissement dénombre 30 agents testés positifs au coronavirus, en hausse par rapport à la semaine dernière, ajoute M. Lavoie.
Situation préoccupante dans les établissements fédéraux
La crise sanitaire préoccupe également dans les établissements carcéraux gérés par le gouvernement fédéral. Au Québec, on recense 205 cas de contamination au coronavirus dans ces établissements sur un total de 333 dans l’ensemble des prisons fédérales du pays. À lui seul, le Centre fédéral de formation de Laval compte 138 cas positifs en plus de rapporter un décès causé par le coronavirus.
Dans ce contexte, le Syndicat des employé-e-s de la Sécurité et de la Justice (SESJ) demande notamment à Ottawa de s’assurer que tous les détenus et employés de ces établissements reçoivent un test de dépistage.
«On craint qu’avec la réouverture des garderies et des écoles, il y ait plus d’employés qui reviennent travailler, ce qui pourrait contribuer à la propagation du coronavirus dans les établissements», souligne à Métro la vice-présidente du SESJ pour le Québec, Karine Kergoat.