Alors que le 1er juillet et la saison des déménagements approche, la Ville de Montréal presse Québec de mettre en place un Fonds d’urgence de 5 M$ pour accompagner les locataires vulnérables qui peinent à trouver un logement abordable, une situation qui serait amplifiée par la pandémie.
«On ne peut pas être les seuls responsables pour trouver des solutions à un problème qui est beaucoup plus grand que Montréal», a martelé mercredi la mairesse Valérie Plante. Son administration demande aussi au gouvernement Legault de mettre à jour le Programme de supplément au loyer d’urgence, «avec des plafonds de subvention majorés» pour répondre à la «situation montréalaise».
«C’est d’autant plus pertinent, dans la relance économique, d’ouvrir les valves pour faire du logement un grand chantier», implore la chef de Projet Montréal, promettant de n’oublier personne.
Plus de budgets, plus de demandes
La Ville augmentera par ailleurs les budgets du Service de référence de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), qui traite les demandes d’accompagnement au logement. Elle appelle les gens dans le besoin à communiquer avec le 311 «pour être redirigés aux bonnes ressources».
«On va doubler les équipes. Déjà, on a 144 appels qui sont rentrés et déjà 11 ménages accompagnés de façon active. Et on n’est pas encore en juin. Les besoins sont plus grands que jamais», illustre le responsable de l’habitation au comité exécutif, Robert Beaudry, qui s’attend à une hausse rapide des demandes.
«On réfléchit entre autres à la possibilité de réquisitionner des hôtels pour loger des ménages qui n’auraient pas trouvé ce dont ils ont besoin pour le 1er juillet.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal
L’administration Plante aura aussi «des discussions» avec les arrondissements pour trouver des lieux d’entreposage réservés aux ménages en attente d’un logement. La Ville travaille enfin avec le SPVM pour éviter que des constats d’infraction soient remis aux personnes qui aident des proches à déménager.
Aux propriétaires qui louent sur Airbnb, Robert Beaudry appelle à offrir ces unités aux Montréalais. «Nous avons besoin de tous les logements disponibles», dit-il.
Organismes sur leurs gardes
Appelée à réagir, la porte-parole au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, se dit ravie par la position de la Ville. Mais elle émet plusieurs bémols.
«On aurait souhaité que toutes les ressources soient annoncées. Par exemple, pour les déménagements, il n’y a pas encore de confirmation qu’il y aura des mesures d’aide pour tous. L’an dernier, certains ont dû attendre jusqu’à une ou deux journées avant leur déménagement pour obtenir de l’assistance. Cette fois, avec la pandémie, on ne peut laisser les gens dans l’incertitude jusqu’à la dernière minute», tranche-t-elle.
Même son de cloche pour le Regroupement des comités logement et associations de locataires (RCLALQ).
«La Ville semble prête pour accueillir et loger les gens, mais elle compte beaucoup trop sur l’argent à venir du gouvernement. Et là, l’espoir est un peu moins élevé.» -Maxime Roy-Allard, du RCLALQ
«Cri du cœur» pour l’entente Québec-Ottawa
Au-delà des mesures immédiates, Valérie Plante réitère l’urgence pour les gouvernements de signer l’entente Québec-Ottawa en habitation. «C’est un cri du cœur. On n’a plus le temps d’attendre», dit-elle.
«Toutes les sommes disponibles, on les a utilisées, plaide la mairesse. Le problème, c’est qu’on n’a plus de nouvel argent pour partir de nouveaux projets, soit pour les personnes aînées, les itinérants, des coopératives d’habitation. C’est malheureux, parce que les besoins sont grands.»
La Ville estime à 20 000 le nombre de ménages qui sont sur la liste d’attente pour obtenir des unités de logement social à Montréal.
Robert Beaudry, lui, affirme que les autorités ont complété 70% de l’objectif de 12 000 logements sociaux et abordables d’ici 2021, une promesse phare de Projet Montréal en campagne électorale. «L’entente sur le logement permettrait de prévoir le développement. Planifier du logement social ne se fait pas en six mois. Il faut cibler les terrains, les acheter, former les coopératives», assure-t-il.