La crise du coronavirus exacerbe la crise du logement, déplorent des organismes. Le nombre de locataires qui peinent à trouver un logement à l’approche du 1er juillet est en hausse et les demandes d’aide sont en forte hausse par rapport à la même période, l’an dernier.
En date du premier juin, l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) a reçu 168 demandes à son service de référence pour les locataires, contre 103 en date du 31 mai 2019, a confirmé la Ville à Métro. L’organisme accompagne aussi 16 ménages de façon active, soit cinq de plus par rapport à la semaine dernière.
«Ce qui est le plus surprenant, c’est que ces chiffres-là soient aussi élevés aussi tôt. C’est directement en lien avec la pandémie, à notre avis, qui joue sur la hausse des demandes», estime la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme.
Selon des données du FRAPRU, qui a analysé les demandes effectuées aux services de référence de plusieurs villes, environ deux fois plus de ménages locataires au Québec craignent de se retrouver sans logis à la fin de leur bail par rapport au début du mois de juin, en 2019.
Crise du logement
La crise sanitaire a notamment mis un frein aux visites de logement en personne, tandis que la construction résidentielle a pris du retard. À cela s’ajoute un taux d’inoccupation des logements qui s’élevait déjà à moins de 1% dans plusieurs quartiers centraux montréalais l’an dernier et à seulement 1,5% dans l’ensemble du Grand Montréal. Des facteurs qui contribuent à stimuler une hausse des prix des loyers.
«Il y a beaucoup de locataires qui ne trouvent pas un nouveau logement et qui ont de la difficulté à payer leur loyer», constate le responsable des dossiers politiques au Comité logement de la Petite-Patrie, Martin Blanchard. Ce dernier se dit «extrêmement inquiet» pour les locataires du quartier qu’il représente.
Il craint que plusieurs d’entre eux n’aient d’autre choix que d’aller vivre dans d’autres quartiers moins dispendieux, voire à l’extérieur de l’île de Montréal.
«On craint que ça contribue à poursuivre l’exode des locataires à faible revenu dans la Petite-Patrie», ajoute-t-il.
Les propriétaires d’unités de logement pourraient aussi être plus sélectifs dans le choix de leurs locataires cette année. «C’est certain que la question de la discrimination est préoccupante», soulève Mme Laflamme.
Mesures insuffisantes
Au cabinet de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, on se veut rassurant.
«Nous serons prêts pour le 1er juillet, comme l’an dernier, et personne ne sera à la rue», assure son attachée de presse, Bénédicte Trottier-Lavoie. Actuellement, le gouvernement Legault accorde notamment un prêt de 1500$ par mois aux locataires n’arrivant pas à payer leur loyer. Il offre aussi jusqu’à 2000$ par mois, sur un maximum de 60 jours, pour les frais d’hébergement temporaire des locataires ou des propriétaires qui devront retarder leur arrivée dans un logement neuf ou rénové.
«Il n’y a toujours pas de mesures pour les locataires à plus faible revenu», déplore toutefois Mme Laflamme. Selon elle, Québec devrait offrir des subventions au loyer – et non pas des prêts – pour les moins nantis.
La Ville de Montréal, pour sa part, demande que Québec mette en place un fonds d’urgence de 5 M$ pour accompagner les locataires vulnérables qui peinent à trouver un logement abordable.
«Il faut que Québec s’engage à accorder un soutien financier additionnel pour les villes en prévision du premier juillet.» -Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU
Ententes de paiement
Québec solidaire presse quant à lui le gouvernement Legault d’obliger les propriétaires à conclure des ententes de paiement avec les locataires en situation financière précaire afin d’éviter des évictions pour non-paiement du loyer. Une demande qui survient alors que la Régie du logement a repris progressivement ses audiences lundi.
«Il faut absolument éviter que plusieurs de ces personnes se retrouvent à la rue», soulève à Métro le porte-parole de Québec solidaire en matière de logement, Andrés Fontecilla.