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Crise du logement: «l’heure est à l’urgence», soulève Valérie Plante

Un immeuble résidentiel de Montréal, où le marché du logement locatif est en crise selon Valérie Plante.
Un immeuble d'habitations à Montréal Photo: bakerjarvis/123RF

Le marché du logement locatif s’est de nouveau resserré en 2019 pour atteindre un taux d’inoccupation des logements aussi bas que 1,5% dans le Grand Montréal, une première en 15 ans dans la région. La mairesse Valérie Plante réclame de l’aide pour régler la crise du logement.

«L’heure est à l’urgence. Tout doit être déployé, à même la Ville de Montréal, mais aussi et surtout au niveau des deux paliers de gouvernement supérieurs pour nous aider à loger tout le monde, et ça, ça passe par des sources de financement», a lancé mercredi Mme Plante, en réaction aux plus récentes données sur le logement.

La mairesse, qui entend aménager 12 000 logements sociaux et abordables d’ici 2021, a ainsi interpellé Québec et Ottawa pour leur demander de conclure rapidement une entente en matière d’habitation. Elle estime également que Québec doit en faire plus pour limiter les impacts des plateformes de type Airbnb sur le marché locatif.

«Nous poursuivons nos négociations avec le gouvernement fédéral au sujet du financement dévolu au Québec dans la Stratégie nationale du logement. Il faut qu’on arrive à une entente», a réagi par courriel la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest. Cette dernière affirme que Québec met les bouchées pour rattraper «les retards accumulés» en matière de création de logements sociaux dans les dernières années.

Resserrement

La SCHL a mis en ligne mercredi ses rapports sur le marché locatif pour les différentes régions canadiennes. Ainsi, dans le Grand Montréal, on constate que le taux d’inoccupation des logements a chuté de 0,4% entre 2018 et 2019 pour atteindre 1,5%. En comparaison, en 2016, il était de 3,9%.

La SCHL souligne d’ailleurs que le marché locatif «n’a jamais été aussi tendu depuis 15 ans». Au début des années 2000, en pleine crise du logement, ce pourcentage «oscillait entre 0,6 et 1,5%», souligne le document.

«À 1,5%, il faut comprendre que c’est difficile de trouver un logement. […] Ça fait en sorte que les gens ne bougent plus beaucoup. On fige un peu», a réagi à Métro le professeur à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, Jean-Philippe Meloche.

La quête d’un grand logement, une des préoccupations de Valérie Plante en campagne électorale, s’annonce particulièrement difficile pour les familles. Selon des données de la SCHL, seulement 0,7% des appartements de trois chambres étaient disponibles l’an dernier, contre 0,8% en 2018.

Les familles affectées

Sur l’île de Montréal, le taux d’inoccupation moyen des logements est de 1,6%, soit 0,4% de moins qu’en 2018. Ce pourcentage chute d’ailleurs sous la barre du 1% dans plusieurs quartiers centraux, dont le Sud-Ouest (0,3%), en plus de baisser dans l’Est de Montréal, qui connait un véritable boom immobilier.

«La rareté de logements qu’on constate sur l’île de Montréal est la même à Laval et sur la Rive-Sud également», souligne par ailleurs la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme.

Ce resserrement du marché locatif peut surprendre alors que 8500 nouveaux logements se sont ajoutés au parc locatif de la région l’an dernier, soit 1000 de plus que l’année précédente. L’an dernier, le Québec a d’ailleurs fracassé un record en plus de 30 ans de nouvelles mises en chantier dans ce secteur.

«On construit énormément de nouveaux logements locatifs, mais la demande est tellement forte que le taux d’inoccupation demeure faible», constate M. Cortellino.

Parmi les facteurs évoqués dans le rapport pour expliquer la pression constante sur le marché locatif, on souligne entre autres l’augmentation du nombre de résidents non-permanents de même que le vieillissement de la population. De plus en plus de ménages de moins de 35 ans optent par ailleurs pour le marché locatif alors que le coût d’achat des propriétés est en forte hausse.

«C’est sûr qu’on demande aux locataires qui le peuvent de ne pas quitter leur logement, mais il y en a beaucoup qui sont victimes d’évictions abusives.» -Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU

Hausse des loyers

En parallèle, les loyers ont augmenté de 3,6% l’an dernier dans le Grand Montréal pour atteindre une moyenne de 841$, soit 45$ de plus qu’en 2018. Entre 2017 et 2018, cette hausse avait plutôt été de 2,5%.

Le loyer moyen a crû encore davantage l’an dernier pour les logements de deux chambres (5,7%) et de trois chambres (6,25%), où le manque d’offre est particulièrement important.

«Quand le marché a commencé à se resserrer, on a vu la hausse des loyers augmenter progressivement», explique M. Cortellino.

Selon M. Meloche, cette situation pourrait être attribuable au phénomène des «rénovictions»,  lorsque des propriétaires évincent des locataires pour procéder à des rénovations. Ceux-ci peuvent ensuite «augmenter les loyers au prix du marché».

«Malgré ce que prétendent certains groupes d’activistes, les loyers au Québec sont très abordables», rétorque la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ).

Alors que le FRAPRU presse Québec de mettre en place un contrôle obligatoire des loyers au Québec, la CORPIQ demande plutôt au gouvernement Legault de «modifier la réglementation qui freine la construction et la rénovation», celle-ci incitant des propriétaires à quitter le marché locatif.

La baisse du nombre de logements disponibles dans certains secteurs :

  • Île de Montréal: 2% (2018); 1,6% (2019); Variation (-0,4%)
  • Sud-Ouest/Verdun: 1,1% (2018); 0,3% (2019); Variation (-0,8%)
  • Dorval et Lachine: 3,7% (2018); 2,7% (2019); Variation (-1%)
  • Est de Montréal: 2,7% (2018); 1,8% (2019); Variation (-0,9%)
  • Laval: 1,9% (2018); 1,5% (2019); Variation (-0,4%)
  • Longueuil: 2% (2018); 1,5% (2019); Variation (-0,5%)

-Avec François Carabin

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