Une vidéo dans laquelle six finissants du Collège Sainte-Anne de Lachine affichent le mot n****r a soulevé l’ire de parents et d’élèves. Un comité d’action contre le racisme sera formé pour mettre sur pied un plan d’action afin d’éviter ce genre d’incidents.
La vidéo, filmée en octobre, a refait surface sur les réseaux sociaux au mois de juin, dans la foulée du mouvement Black Lives Matter.
Les élèves qui y sont filmés sont déguisés en fermiers. Ils soulèvent leurs chemises sous lesquelles ils portent un t-shirt blanc affichant chacun une lettre, le tout formant le mot raciste.
Aucune sanction n’a été appliquée puisqu’ils avaient terminé leur parcours secondaire au moment où la vidéo a été rendue publique. «C’est certain que si ces élèves-là étaient encore chez nous, ça aurait été différent», soutient la directrice des communications du Collège Sainte-Anne, Nancy Gendron lorsque questionnée sur l’utilisation du mot n****r.
Quelques jours plus tard, un internaute a retrouvé une photo compromettante publiée par le Collège en 2012. On y voyait un élève avec le visage peint en noir, un geste nommé black face. La publication a depuis été retirée.
«Inacceptable», dit le collège
Mme Gendron est incapable d’expliquer pourquoi cette photo a été publiée, puisqu’elle n’était pas en poste à l’époque.
«C’est entièrement inacceptable. Je suis complètement estomaquée et complètement dégoûtée, a commenté sur les réseaux sociaux la personne qui a retrouvé la photo. Ce costume est absolument dénigrant pour la communauté noire.»
Une ancienne étudiante, Nesma Bensissaid, critique ouvertement son alma mater. «Ces événements sont la goutte qui fait déborder le vase, s’insurge-t-elle. Le manque de diversité à l’école est un bon exemple du privilège blanc qui règne chez ses étudiants et son administration.»
«Ce qui s’est passé nous bouleverse. Ça nous a ébranlés, parce que c’est très grave.» – Nancy Gendron, directrice des communications
Virage
L’école peut améliorer la diversité de son personnel et de ses élèves croit la directrice des communications. «C’est une séquence de gestes pour laquelle on veut prendre acte, pour en faire une situation positive qui va profiter à toute notre communauté», déclare Mme Gendron.
Plusieurs parents ont écrit à l’administration à la suite de ces publications.
«Ils étaient outrés, choqués, déçus. On est d’accord avec eux, ce sont des gestes inacceptables qui n’ont pas de place chez nous», ajoute-t-elle.
Un comité d’action qui comprendra des élèves actuels et d’anciens, des professeurs et des accompagnateurs externes a été constitué. Formé de personnes issues de la diversité, il se penchera sur les politiques d’embauches, le code de vie et les politiques internes de harcèlement.
«On veut devenir des leaders en ratissant plus large que ce qui se fait ailleurs, parce que la discrimination, ça ne touche pas seulement les minorités visibles», explique Mme Gendron.
Des groupes de discussion se rencontreront à ce sujet à la mi-août. «Ils définiront des actions concrètes à adopter pour que nous devenions plus inclusifs, et que ce type d’événements n’arrive plus», insiste-t-elle.
L’institution dévoilera son plan d’action à la suite des premières rencontres du comité.
Sur les réseaux sociaux
«En tant qu’étudiante minoritaire diplômée au CSA, cet incident n’est pas surprenant du tout. Ça me fait du mal de le dire, parce que j’ai apprécié la plupart de mon temps dans cette école et je crois qu’elle offre un niveau d’enseignement de haute qualité dans certains domaines. Par contre, elle n’offre pas une expérience égale aux étudiants de couleur et elle ne prépare pas les étudiants à devenir des membres responsables d’une société multiculturelle.»
– Marianne A.
«Si votre administration est ignorante et a des mentalités racistes, ça va se refléter sur les élèves. Voilà un bon exemple de racisme systémique et c’est maintenant qu’on en parle!»
– Catherine J.
«Les enfants sont le miroir de leurs parents. Le Collège donne une formation, mais à la maison, on doit éduquer nos enfants.»
– Francisco M.