Montréal compte moins de caméras de surveillance dans les lieux publics que d‘autres grandes villes. Après des années d’utilisation, le SPVM limite toujours la vidéosurveillance sur l’île.
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) détient 24 caméras de surveillance sur son territoire, et elles sont concentrées au centre-ville. Une quinzaine ont fait leur apparition lors du projet Robo-Cam au début des années 2000.
À ce jour, seulement sur le boulevard Saint-Laurent, 13 ont été installées à différents endroits stratégiques sur deux tronçons.
«Le but principal, ce n’est pas de faire de la répression. Oui, on contribue au processus judiciaire s’il y a un crime, mais c’est vraiment de dire aux gens qu’ils peuvent être filmés s’ils font des délits. Ça amène une espèce de prévention et de dissuasion», explique le commandant de la section des crimes technologiques au SPVM, Minh-Tri Truong.
L’ex-enquêteur à la division du crime organisé au SPVM, Guy Ryan, a eu recours aux visionnements de séquences pour certains dossiers. «C’est un outil nécessaire», dit-il.
Le taux de criminalité a baissé dans les dernières années à Montréal, mais l’utilité de ces caméras reste toujours à déterminer. Toujours sur le boulevard Saint-Laurent, d’importants travaux ont eu lieu dans les dernières années, réduisant l’achalandage et donc la possibilité que des crimes s’y produisent, indique M. Truong.
«Pour l’instant, on ne voit pas l’intérêt de mettre ça sur une rue résidentielle.» -Minh-Tri Truong, commandant de la section des crimes technologiques
«Ce qu’on peut dire, c’est que sur le même principe que les radars de vitesse, quand on en installe, les gens font plus attention», signale le commandant.
Pour l’heure, le SPVM n’a pas l’intention d’étendre son réseau de caméras sur le reste de son territoire. «Si ce n’est pas des rues commerciales, s’il y a des résidences, ça représente peut-être un problème de vie privée aussi. On ne veut pas que les caméras filment sur la porte des gens qui rentrent et sortent d’un endroit», souligne M. Truong.
Augmenter le nombre d’appareils pourrait s’avérer pertinent, estime Guy Ryan. «Dans tous les endroits où il y a de l’affluence, il devrait y avoir des caméras. Je ne dis pas dans tous les arrondissements, mais on pourrait en mettre dans certaines places où la criminalité est un peu plus haute», souligne l’ex-enquêteur.
Partout pas pareil
Montréal semble se distinguer de plusieurs autres grandes villes. Il s’agirait d’emblée d’une question de culture, alors que le Québec est moins tourné vers l’autorité.
Par exemple, Londres comptait environ 420 000 caméras en 2017, selon le centre Brookings Institution. «Je pense que c’est une des villes d’Europe qui en a le plus. Mais les Anglais ont plus la réputation du law and order», indique le commandant.
Les attentats terroristes qui ont ébranlé la ville peuvent aussi avoir mené à en installer davantage.
192
Les enquêteurs du SPVM ont eu besoin d’enregistrements et de séquences recueillies par la vidéosurveillance à 192 reprises en moyenne lors des trois dernières années.