Un campement improvisé dans une place publique de l’avenue du Mont-Royal attire l’attention des passants depuis quelques jours, alors que cette mobilisation citoyenne pour une relance verte dans la province prend de l’ampleur.
Métro a fait un tour, lundi avant-midi, à la place des Fleurs-de-Macadam, une place publique située au coin de l’avenue du Mont-Royal et de la rue de Mentana. Depuis près d’une semaine, plusieurs tentes occupent les lieux. On pouvait d’ailleurs en compter une vingtaine lundi matin au travers différentes affiches appelant à une relance économique tenant compte de la protection de l’environnement.
«En gros, ce qu’on veut, c’est un plan de relance vert, juste et local. On pense que dans le contexte de la relance économique post-Covid, c’est probablement le dernier moment stratégique pour adopter des mesures drastiques pour l’environnement», affirme à Métro un des militants sur place, Djibril Morissette-Phan.
Les occupants pressent donc les différents paliers de gouvernement, incluant la Ville de Montréal, d’adopter d’ici la fin de l’année un plan d’action ayant comme objectif d’atteindre la «carboneutralité» en 2025, ajoute le jeune homme.
«En raison de la pandémie, on a peu parlé du climat. On trouvait donc ça important de ramener la crise climatique au premier plan.» -Djibril Morissette-Phan
En 2018, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a pris l’engagement de rendre la métropole carboneutre en 2050, une promesse qu’a aussi effectuée le premier ministre Justin Trudeau l’an dernier. «Notre administration est engagée à répondre aux défis environnementaux», assure l’attachée de presse de la mairesse de Montréal, Catherine Cadotte, lorsqu’appelée à réagir à cette mobilisation citoyenne.
Conférences
Avant de migrer à la place des Fleurs-de-Macadam, des citoyens adhérant au même mouvement ont occupé pendant huit jours la place des Festivals, où ils avaient également érigé plusieurs tentes. Ils entendent ainsi profiter de la proximité avec les nombreux passants de l’avenue du Mont-Royal pour les sensibiliser à leurs demandes. Un petit tableau blanc à l’entrée du site énumère d’ailleurs une série de conférences citoyennes sur divers enjeux environnementaux et socio-économiques prévues sur place dans les prochains jours.
«On veut appeler à la mobilisation collective», indique la Montréalaise Alix Ruhlmann, qui donnera mardi soir un «atelier d’éducation populaire» sur les monnaies locales citoyennes. Une page Facebook, intitulée «Wake up calice», détaille d’ailleurs les activités prévues sur place et les revendications des occupants des lieux. Elle est suivie par plus de 500 personnes.
Un mouvement qui grandit
Le nombre de tentes sur place a augmenté depuis le début de cette mobilisation citoyenne, constate Anthony, un des occupants des lieux rencontré sur place lundi.
«Nous avons grandi rapidement», constate le jeune homme, qui dort dans une tente sur place depuis jeudi dernier. Questionné sur les motifs de sa participation à ce mouvement, il se dit inquiet pour les prochaines générations alors que les répercussions des changements climatiques sur l’environnement et la santé humaine se font de plus en plus sentir.
«Je voudrais avoir des enfants, confie-t-il. Mais je ne veux pas qu’ils aient des conditions de vie bien pires que les miennes.»
Le jeune homme estime d’ailleurs que ce type de mobilisation s’adapte bien aux mesures sanitaires en vigueur dans le contexte de la crise du coronavirus. «Et c’est dur à ignorer après un moment», lâche-t-il. On retrouve d’ailleurs sur place une bouteille de désinfectant, tandis que la majorité des occupants portent le masque, a constaté Métro.
Tolérance policière
Contrairement aux parcs de la métropole, cette place publique n’est pas encadrée par un règlement qui interdit la présence de tentes la nuit, a indiqué le Service de police de la Ville de Montréal à Métro. Puisqu’il s’agit d’un terrain privé de la Ville, c’est seulement si cette dernière fait une plainte au corps de police que celui-ci pourrait alors se déplacer pour réclamer la fin de cette mobilisation citoyenne.
«L’arrondissement tolère le campement pour le moment et suit la situation de près», indique Mme Cadotte à cet égard. Elle ajoute toutefois que l’arrondissement «se réserve le droit d’exiger le démantèlement du campement», où la distanciation physique doit être respectée, note l’attachée de presse.