Les cols bleus de Montréal appréhendent une hausse du recours au privé par la Ville de Montréal dans le contexte de la crise sanitaire, qui pèse sur la situation financière de la métropole.
Lorsque la mairesse de Montréal, Valérie Plante, est arrivée au pouvoir en novembre 2017, le syndicat représentant les cols bleus de Montréal a poussé un soupir de soulagement. Celui-ci espérait ainsi avoir une meilleure écoute de l’administration municipale que sous l’ancien maire Denis Coderre. Ce dernier avait notamment mis en place un plan quinquennal qui visait à éliminer quelque 2000 postes parmi l’ensemble des employés de la Ville en abolissant un poste sur deux laissé vacant à la suite d’un départ à la retraite.
En arrivant en poste, Mme Plante a alors affirmé vouloir miser sur l’expertise des employés de la Ville. Or, elle continue d’avoir grandement recours au privé, notamment pour assurer l’entretien ménager ou la sécurité dans plusieurs de ses bâtiments, incluant l’hôtel de ville. L’administration Plante a aussi misé à plusieurs reprises ces derniers mois sur des contractants privés pour réaliser divers travaux manuels. Elle a notamment mandaté le secteur privé pour aménager des corridors sanitaires dans différents arrondissements le printemps dernier.
«On était parfaitement capables de faire ce job-là et beaucoup de ces aménagements ont été donnés au privé», déplore à Métro le conseiller principal au Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, Hans Marotte.
«Pas de différence» d’avec Coderre
Ainsi, le syndicat «ne sent pas de différence» depuis l’arrivée de Mme Plante, en ce qui a trait au recours au privé par la Ville, une situation qui vient limiter le nombre de syndiqués au travail.
«La mairesse, quand elle a été élue, elle a dit qu’elle va favoriser ses employés. Nous, on était plein d’espoir, mais malheureusement, cette philosophie ne s’est pas concrétisée sur le terrain», constate M. Marotte. Celui-ci affirme pourtant que pour de nombreux travaux effectués récemment, il aurait coûté moins cher à la Ville d’avoir recours à ses employés plutôt que d’opter pour ceux d’entreprises privées.
«Il y a vraiment un enjeu fondamental de faire travailler les cols bleus. On a montré à la Ville à de nombreuses reprises que les cols bleus peuvent faire un meilleur travail à moindre coût.» -Hans Marotte, conseiller principal au Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal
Les impacts de la pandémie
M. Marotte craint d’ailleurs que la crise sanitaire exacerbe le recours au privé par la Ville. Une situation qui ne surprendrait pas l’experte en gouvernance et professeure à l’UQAM, Danielle Pilette.
«La théorie économique veut que le secteur public soutienne le privé en période de crise», note-t-elle. Une façon de faire à laquelle s’attendent les paliers de gouvernement supérieur, qui sont d’ailleurs appelés à aider la métropole à redresser son économie.
«Dans la limite des capacités financières de la Ville, on peut penser que [le recours au secteur privé] va se maintenir tant que la crise va perdurer», estime ainsi Mme Pilette.
Reprise des négociations
Après une pause forcée de plusieurs mois en raison de la pandémie, les négociations reprennent leur cours entre la Ville et les cols bleus. Une rencontre «exploratoire» a d’ailleurs eu lieu mardi, souligne M. Marotte. Ce dernier espère maintenant en venir à une entente d’ici «quelques mois».
La convention collective du syndicat représentant les cols bleus de Montréal est échue depuis décembre 2017.
«Il faut que la Ville mette tous les efforts pour arriver à une entente […]. Les cols bleus commencent à s’impatienter», lance le représentant syndical.
Contacté par Métro, le cabinet de Mme Plante n’a pas voulu commenter les négociations en cours. Son attachée de presse, Geneviève Jutras, assure cependant que la Ville a «accéléré» ce processus afin de «se donner les meilleures chances d’arriver à une entente».