Montréal

Enquête publique et manifestation pour Joyce Echaquan

Manifestation pour Joyce Echaquan

Des manifestants dans les rues de Montréal pour Joyce Echaquan le 3 octobre 2020.

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a annoncé la tenue d’une enquête publique pour Joyce Echaquan samedi, alors qu’une manifestation en mémoire de la femme autochtone a réuni plusieurs milliers de personnes à Montréal.

L’annonce de Mme Guilbault s’est faite par le biais d’une publication sur son compte Twitter au milieu de l’après-midi.

«À la suite du décès tragique de Mme Joyce Echaquan, qui a secoué tout le Québec, j’ai demandé à Coroner Québec d’ordonner la tenue d’une enquête publique afin d’en éclaircir les causes et les circonstances. Nous devons tout faire pour éviter que de tels drames se reproduisent», a écrit Mme Guilbault.

Une manifestation réclamant la justice

Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés à Montréal samedi après-midi afin de demander justice pour Joyce Echaquan. Manon Massé était parmi les personnes présentes. La co-porte-parole de QS a livré un discours dans lequel elle a demandé à François Legault d’affirmer que le racisme systémique existait au Québec.

La manifestation s’est tenue 5 jours après le décès tragique de Mme Echaquan. Lundi dernier, la mère de 7 enfants avait filmé ses derniers moments alors que des membres du personnel de l’hôpital de Joliette, dont une infirmière et une préposée aux bénéficiaires, l’insultaient avec des propos racistes et dégradants.

Les personnes présentes au rassemblement se sont mobilisées pour que la communauté autochtone ait droit à un traitement équitable dans le futur et pour que justice soit faite dans cette récente histoire inacceptable. Pour ce faire, il devra y avoir des changements dans le système. Les organisatrices de la manifestation croient que la première étape serait de reconnaître la présence du racisme systémique au Québec.

La manifestation pacifique était organisée par le projet Iskweu (du Foyer pour femmes autochtones de Montréal). Les organisatrices se sont dites indignées par le décès de cette femme atikamekw. Celles-ci ont demandé aux gens d’apporter leurs tambours si possible. Selon elles, cet instrument représente un battement de coeur.

Aux alentours de 13h, des milliers de personnes se sont donc réunies à la place Émilie-Gamelin, près de la station de métro Berri-UQAM. À la suite de nombreux discours livrés au public ainsi qu’un moment de silence en hommage à Joyce, les manifestants ont commencé à marcher vers 14h20.

Dans la foule, nombreux sont ceux qui tenaient des pancartes dans les airs pour dénoncer cette injustice qu’a subie Mme Echaquan. Tout comme l’avaient demandé les organisatrices, plusieurs individus avaient apporté leurs tambours. Tout le monde semblait porter un couvre-visage. On pouvait entendre les gens dire en choeur «Justice pour Joyce» à plusieurs reprises.

Des discours dénonçant le racisme systémique

«Aujourd’hui, je demande au peuple québécois et aux peuples autochtones de débuter un réel processus de guérison. On doit apprendre à se connaître et à accepter nos différences. Ensemble, on peut changer le système et éradiquer le racisme systémique.» -Marie-Ève Bordeleau, Commissaire aux relations avec les peuples autochtones

Me Bordeleau n’est pas la seule qui s’est prononcée contre le racisme systémique dans son discours. Manon Massé l’a aussi fait dans le sien tout en critiquant le premier ministre du Québec, qui refuse toujours d’admettre la présence du racisme systémique dans la province.

«Je nous la souhaite, la révolution du coeur parce que c’est juste comme ça qu’on va pouvoir vraiment changer les choses. Parce que c’est juste comme ça qu’on va pouvoir ne pas arrêter pour que réellement Joyce soit la dernière. Parce que c’est comme ça qu’on va réussir à faire changer d’idée François Legault, qui a un discours méprisant pour les Premières Nations et c’est assez.» -Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire.

Plusieurs orateurs ont aussi évoqué le rapport Viens, qui est une ressource dont le gouvernement dispose depuis plus d’un an pour agir et améliorer la situation des Premières Nations au Québec.

«Tant et aussi longtemps que le gouvernement va nier que le racisme systémique existe ici, on autorise aux institutions de ce genre d’exercer ces formes de violence. Un an après la Commission Viens, des recommandations ont été faites et une enquête a été menée. La Nation Atikamekw a ciblé l’hôpital de Joliette, mais aucun changement n’a été fait. Aucune action n’a été prise pour stopper ces formes de racisme.» -Viviane Michel, présidente des Femmes autochtones du Québec

Bref, les organisatrices de la manifestation ont elles aussi insisté sur le fait que les recommandations de la Commission Viens devaient être mises en oeuvre et non pas ignorées comme elles l’ont été jusqu’à présent. Ainsi, la violence contre les femmes autochtones pourrait enfin cesser.

Une situation comparable à celle de George Floyd

Dans un communiqué, envoyé un jour avant la manifestation, Janis Qavavauq-Bibeau, la coordonnatrice de la recherche à Iskweu, a comparé l’histoire de Mme Echaquan à celle de George Floyd ou encore de Breonna Taylor.

«Les gens se rendent dans les hôpitaux pour leur santé, leur sécurité et leur bien-être, pas pour souffrir de négligence, de racisme et des violences potentielles. Elle est comme la George Floyd ou la Breonna Taylor du Québec, mais au lieu de la police, c’est du personnel hospitalier raciste qui perpétue la violence contre les nôtres.» -Janis Qavavauq-Bibeau, coordonnatrice de la recherche à Iskweu

Les funérailles de Joyce Echaquan ont eu lieu dans la journée. Seulement sa famille et ses proches y étaient invités.

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