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Un an après le rapport Viens, les Premières Nations tapent du pied

En avant-plan, la ministre des Affaires autochtones, Sylvie D'Amours. En arrière-plan, le chef Ghislain Picard.
Le chef Ghislain Picard et la ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D'Amours Photo: Josie Desmarais/Métro

Le premier anniversaire du dépôt du rapport Viens sur les relations entre les Autochtones et les services publics ne sera pas célébré. Un an plus tard, et en marge de la mort tragique de l’Atikamekw Joyce Echaquan, des représentants des Premières Nations disent en avoir ras-le-bol.

Le rapport du commissaire Jacques Viens, publié le 30 septembre 2019, regorge d’appels à l’action, 142 pour être exact. Dans un communiqué de presse émis mercredi, la ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, assure que «51, qui concernent directement [le gouvernement du Québec], sont déjà terminés ou en voie de l’être».

«Je ne sais pas si d’autres groupes ont été dans le coup, mais ce n’est certainement pas notre cas», laisse tomber en entrevue le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard. L’APNQL représente l’ensemble des communautés autochtones en territoire québécois.

La ministre caquiste renchérit: «bien sûr, nous aurions aimé agir plus rapidement pour les autres appels à l’action et nous étions bien partis, avec les rencontres d’octobre 2019 et de janvier 2020, mais la pandémie est venue bouleverser nos plans», atteste-t-elle.

Au Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec, on convient qu’il aurait été «utopique» que tous les appels à l’action aient fait l’objet d’un suivi à ce jour. Sa directrice générale, Tanya Sirois, martèle à nouveau que la «reconnaissance du racisme systémique au Québec» est «la priorité numéro un».

Mardi, lorsqu’interrogé sur le dossier, le premier ministre François Legault a refusé d’en convenir.

«S’asseoir avec les premières nations»

Fin-janvier, après une rencontre avec la ministre des Affaires Autochtones, le chef Picard avait affirmé attendre avec impatience une rencontre avec le premier ministre, prévue au printemps. On devait y discuter de réconciliation, notamment.

Celle-ci n’a toujours pas eu lieu.

Pour le deuxième parti d’opposition à l’Assemblée nationale, Québec solidaire (QS), il est plus que temps que M. Legault ouvre la porte de son bureau à l’APNQL. La co-porte-parole solidaire Manon Massé s’étonne d’ailleurs que ce ne soit pas le cas alors que l’élu caquiste a rencontré le chef d’opposition au fédéral, Erin O’Toole, quelques jours après sa nomination.

Jeudi matin, QS déposera une motion enjoignant le gouvernement caquiste de «s’asseoir avec les Premières Nations» dans l’objectif d’encadrer légalement la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Il s’agit de la 3e recommandation du rapport Viens.

Datée de 2007, la Déclaration souligne notamment «le droit à l’autodétermination» des peuples autochtones. Si l’Assemblée nationale a adopté une motion visant à reconnaître ses principes directeurs, le document n’a pas été encadré dans une loi.

Interrogé sur le sujet le mois dernier, le premier ministre Legault avait affirmé qu’il ne voulait pas donner aux Autochtones un droit véto sur les projets du gouvernement provincial.

«Non, ils [les Autochtones] n’en veulent pas, [de droit de véto]! Ils veulent juste un consentement libre et éclairé», lance au bout du fil la co-porte-parole de QS, Manon Massé, exaspérée par les propos de M. Legault.

«La réponse du gouvernement n’est pas à la hauteur des attentes. Il n’écoute pas les Premières Nations.» – Manon Massé, co-porte-parole du deuxième groupe d’opposition

Anglade demande la tête de la ministre

L’opposition officielle en a vu assez. En lisant le communiqué de presse du gouvernement sur le premier anniversaire du rapport Viens, mercredi, la cheffe libérale, Dominique Anglade, est allée jusqu’à conclure que la ministre D’Amours «n’est plus apte à occuper son poste».

«Je pense que c’est sérieusement rire des gens», s’est insurgée Mme Anglade, soulignant au passage la mort de Joyce Echaquan, criblée d’insultes racistes quelques instants avant de s’éteindre à Joliette, lundi.

«Je pense qu’avec le communiqué, elle a déjà écrit sa lettre de démission.» – Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral

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