La métropole a perdu 4280 places de stationnement depuis 2018, dont les deux tiers afin de réaliser des projets de pistes cyclables.
Pendant la séance du conseil municipal du mois d’octobre, l’administration de Valérie Plante avait été incapable d’indiquer à l’opposition officielle combien de places de stationnement elle a retirées depuis son arrivée au pouvoir, en novembre 2017.
Un mois plus tard, le responsable de la mobilité à la Ville, Éric Alan Caldwell, a mis fin au suspens dans une lettre acheminée lundi à la conseillère d’Ensemble Montréal dans le district Ovide-Clermont, Chantal Rossi. Ainsi, depuis 2018, la Ville a retiré 4280 places de stationnement dans le cadre de «réaménagements permanents», a confirmé M. Caldwell.
«Cela représente moins de 1% des places de stationnement sur rue, et moins de 0,5% de l’offre de stationnement totale à Montréal», affirme l’élu de Projet Montréal dans sa lettre. Selon les données de la Ville, on retrouve à Montréal entre 475 000 et 515 000 places de stationnement sur rue, un nombre qui dépasse par ailleurs 470 000 concernant les places hors rue.
L’opposition officielle réplique toutefois que des «milliers d’espaces de stationnement gratuits sont devenus payants depuis l’arrivée de Projet Montréal».
«Donc, quand cette administration essaie de nous faire croire qu’elle n’est pas anti-voitures, les Montréalais ne sont pas dupes», a lancé mardi matin le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez.
La sécurité avant tout, réplique Valérie Plante
Mme Rossi, pour sa part, se questionne sur la localisation des espaces de stationnement retirées. Elle craint que les résidents de certains secteurs de la métropole aient écopé davantage que d’autres du retrait de ces cases.
Questionnée par l’opposition sur ce point à la reprise de la séance du conseil municipal, mardi matin, la mairesse de Montréal a vivement réagi.
«Je trouve ça déplorable de mettre en opposition des places de stationnement avec des notions de sécurité», a déploré Valérie Plante.
«Si pour vous, la sécurité des gens est moins importante que quelques places de stationnement, je ne sais pas quoi vous dire d’autre. Je trouve ça triste.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal
Pistes cyclables
Depuis 2018, la Ville a notamment retranché 2556 places de stationnement afin de réaliser 17 projets de voies cyclables. Parmi ceux-ci, on retrouve le Réseau express vélo (REV), qui a notamment entraîné le retrait de centaines de cases de stationnement sur la rue de Bellechasse, dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie.
La piétonnisation de rues a aussi entraîné le retrait de 208 places de stationnement, tarifées ou non. Un nombre qui exclut les rues piétonnes aménagées temporairement cet été dans le cadre du projet des voies actives sécuritaires, qui visaient à faciliter le respect de la distanciation physique sur les artères de la métropole pendant la période estivale.
D’autre part, la Ville a aussi retiré 200 places de stationnement non-tarifées afin de sécuriser les abords des écoles, tandis que le retrait de 352 places tarifées ont servi à aménager ou à élargir des trottoirs. Ce sont aussi 318 cases tarifées qui ont disparu pour aménager un «espace de dégagement» à de nombreuses intersections afin d’y augmenter la sécurité des piétons et des cyclistes.
«On est la première administration qui n’utilise pas la Vision Zéro comme un slogan», a affirmé Mme Plante mardi.
Les stationnements privés
M. Caldwell note d’autre part dans sa lettre la sous-utilisation de nombreux stationnements privés, notamment au centre-ville. Il souligne ainsi l’intérêt de la Ville d’offrir un prix «plus accessible» pour ces places de stationnement «afin d’optimiser leur utilisation».
À cet égard, l’administration municipale a notamment conclu cet été des ententes avec le Palais des Congrès et le Complexe Desjardins afin que ceux-ci proposent des tarifs réduits pour un total de près de 1500 places de stationnement au centre-ville.