La place des Montréalaises, qui deviendra à terme un vaste espace verdi qui rendra hommage à des femmes qui ont marqué l’histoire de la métropole, verra le jour avec au moins deux ans de retard.
Des fonctionnaires de la Ville de Montréal ont présenté mercredi des détails additionnels quant à la forme que prendra cette future place publique, située aux abords de la station de métro Champ-de-Mars, à proximité du CHUM et du square Viger.
Ainsi, cette place publique, où la Ville compte planter de nombreux arbres en plus d’aménager une zone fleurie inclinée, comprendra également une oeuvre d’art oblique.
Sur ce «miroir hommage», les noms de femmes marquantes s’illumineront été comme hiver. Sur sa face nord, on retrouvera entre autres les noms des 14 victimes du féminicide perpétré à Polytechnique Montréal le 6 décembre 1989. Sa face sud exposera pour sa part les noms de sept «pionnières» dans l’histoire de Montréal. Il s’agit notamment de la cofondatrice de Montréal, Jeanne Mance, de la joueuse de hockey Agnès Vautier et de l’ancienne journaliste et animatrice de radio et de télé d’origine mohawk, Myre Cree.
«On avait un défi parce qu’on devait honorer de façon plus festive les femmes qui ont marqué Montréal, mais aussi avoir un côté plus sobre pour les victimes de Polytechnique», a souligné Mme Plante mercredi. Sur le site, on retrouvera aussi des plaques didactiques qui détailleront le rôle que ces femmes ont joué dans l’histoire de Montréal. On pourra aussi lire leur nom sur les marches de la place publique.
Hommage aux femmes
Le site, de plus de 1500 m², comprendra aussi une place dédiée à Marie-Josèphe-Angélique, une esclave noire originaire du Portugal qui a été exécutée en 1734 au terme d’un procès biaisé. L’administration municipale entend ainsi répondre à un «devoir de mémoire», alors qu’environ 1500 esclaves auraient vécu à Montréal «depuis les origines de la colonie jusqu’à l’abolition, en 1834, de cette pratique inhumaine», indiquent des documents de la Ville.
«On sait que les femmes qui ont marqué l’histoire de Montréal, du Québec et du Canada, elles sont souvent sous-représentées [dans l’espace public]. Donc, toutes les occasions qui se présentent pour [leur rendre hommage] sont importantes», a ajouté Mme Plante.
«Les femmes sont souvent en arrière-scène, plus dans l’ombre, alors qu’elles ont marqué l’histoire de Montréal.» –Valérie Plante, mairesse de Montréal
De nouveaux retards
La place des Montréalaises, qui se situe sur une partie recouverte de l’autoroute Ville-Marie, a été nommée ainsi en 2017 dans le cadre du 375e anniversaire de la métropole. L’ancienne administration de Denis Coderre, puis celle de Mme Plante, ont successivement promis par la suite de transformer l’aménagement temporaire sur ce site en une place verdie rendant hommage à des femmes qui ont marqué l’histoire de Montréal. Les travaux devaient commencer cette année pour mener à une inauguration en 2022. La facture de l’ensemble de ce réaménagement s’élevait aussi à 62,4 M$, selon une annonce faite par Valérie Plante en septembre 2018.
Cet été, La Presse révélait toutefois que la facture du projet, conçu par l’artiste Angela Silver et les firmes Lemay et SNC-Lavalin, pourrait grimper à 81 M$. La Ville entrevoyait aussi en juillet que l’ensemble des travaux, qui incluent le démantèlement du tunnel qui relie la station de métro Champ-de-Mars à l’hôtel de ville, ne devraient prendre fin qu’en 2023.
Or, dans les documents présentés aujourd’hui par la Ville, on indique que les travaux de construction de la place des Montréalaises ne commenceront qu’en mars 2022 pour se terminer à la fin de 2024. L’inauguration de celle-ci aura lieu ensuite, avec au moins deux ans de retard par rapport à l’échéancier initial.
Dans une réponse écrire envoyée à Métro en fin d’après-midi, la Ville a justifié ce nouveau délai en évoquant la décision prise par l’administration municipale de reporter plusieurs chantiers l’an prochain dans le contexte de la pandémie.
«Suite à la révision du calendrier des chantiers annoncée cet automne, le début des travaux du projet a été décalé à nouveau en 2022 afin de réduire le nombre de chantiers dans le secteur en 2021 et de diminuer les impacts sur la mobilité», indique-t-on.