La décision de la Ville de Montréal de geler le salaire de la plupart de ses élus cette année dans le contexte de la pandémie a causé des remous lundi soir, à l’hôtel de ville de Montréal.
Les élus du conseil municipal ont adopté lundi soir un point à l’ordre du jour qui prévoit d’annuler la hausse de salaire de 2,1% que ceux-ci devaient recevoir cette année. Cette mesure s’appliquant également aux élus du reste de l’agglomération, elle fera l’objet d’un nouveau vote en présence des élus des villes liées, jeudi.
Cette mesure, qui provient d’une proposition faite par la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a reçu lundi l’appui d’une majorité d’élus.
«Je comprends la raison. Nous savons tous à quel point le monde entier a été frappé de plein fouet par la pandémie. Il y a énormément de personnes qui ont perdu leur emploi, leurs postes, leurs affaires, et qui souffrent en dépit même de l’aide gouvernementale […] Je comprends la volonté de l’administration de vouloir donner l’exemple», a notamment réagi le chef intérimaire d’Ensemble Montréal, Lionel Perez.
Cette demande a toutefois fait sourciller certains élus, qui n’ont pas hésité à souligner les disparités qui subsistent dans les salaires des différents conseillers municipaux. L’annulation de cette indexation au niveau de l’inflation frappera ainsi davantage les élus moins bien rémunérés, appréhendent-ils.
«Je comprends que pour quelqu’un qui gagne 120 ou 150 000 dollars, ça ne cause pas la même douleur que lorsqu’on gagne 75 000 dollars et qu’on doit retourner notre ajustement de salaire. Mme la présidente, d’habitude, je suis très noble, mais je trouve ça difficile à vivre. Pour moi, ce deux pour cents, c’est de la vraie argent», a notamment réagi le conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand.
Bien qu’il ait appuyé ce point à l’ordre du jour, M. Perez craint aussi que cette mesure entraîne des impacts disproportionnés pour certains élus et leur famille.
«Cette augmentation devient encore plus importante pour certains foyers des membres du conseil municipal. Je pense qu’il y a cet élément qu’on devrait peut-être avoir en réflexion», a-t-il dit.
Et les fonctionnaires?
Par le biais de cette mesure, la Ville prévoit économiser environ 130 000$. Le maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa, a toutefois soulevé que l’administration Plante pourrait réaliser des économies bien plus grande en s’attaquant aux dépenses de la Ville reliées à sa masse salariale. Les fonctionnaires recevront d’ailleurs au début de 2021 une hausse salariale de 2%, un pourcentage qui grimpera à 4,5 % pour ceux ayant atteint les attentes de la Ville. Les fonctionnaires auront aussi droit à trois jours de congé payés supplémentaires pour compenser leurs heures supplémentaires reliées à la gestion de la crise sanitaire, indique un document de la Ville obtenu par Métro.
«Ce n’est pas vrai que nous, les élus, on doit être du cheap labour, a laissé tomber le maire d’Anjou, Luis Miranda. Tous les élus, nous le savons très bien, si nous comptions les heures, parfois, on [réaliserait qu’on] n’est pas payés cher de l’heure.»
«Je comprends mal comment cette administration peut accorder des augmentations salariales aux cadres supérieurs en même temps qu’elle demande aux élus de redonner leur ajustement à l’inflation», a renchéri M. Rotrand.
Un effort de tous les employés, assure la Ville
En réaction, le président du comité exécutif, Benoit Dorais, a assuré que tous les employés de la Ville ont été appelés à faire «un effort additionnel» cette année pour limiter les impacts de la pandémie sur les finances de la métropole.
«Il n’y aura aucun boni versé aux cadres», a-t-il notamment assuré. L’élu assure que les fonctionnaires ont tous au moins effectué 20 heures supplémentaires cette année, ce qui explique la décision de la Ville de leur octroyer trois journées supplémentaires de congé.
«Il y a un effort qui est demandé à l’ensemble des employés de la Ville. Et c’est dans ce contexte qu’on demande aux élus d’en faire de même ce soir», a conclu M. Dorais.