Montréal

Impossible d’assurer sa voiture en tant que personne non-binaire au Québec

Visage et buste de Alexe Frédéric Migneault, personne non-binaire qui refuse de dévoiler son genre.

Alexe Frédéric Migneault

Au Québec, une personne non-binaire ne peut toujours pas assurer une voiture sans avoir à dévoiler son sexe assigné à la naissance.

Au contraire de l’Ontario, la Belle Province n’autorise toujours pas les assureurs automobiles à offrir aux clients la possibilité de s’identifier comme étant de genre X.

Alexe Frédéric Migneault est non-binaire. Iel a célébré l’obtention de son diplôme universitaire en se procurant sa toute première voiture.

Or, à cause de son identité de genre non-binaire, iel est dans l’impossibilité de faire assurer ladite voiture et donc de la rapporter à la maison.

«J’ai appris que je n’aurais pas le choix de faire des concessions par rapport à mon identité, déplore Alexe Frédéric Migneault. Je pourrais obtenir des assurances automobiles pour ma nouvelle voiture, mais pour cela il faudrait que je dévoile mon sexe.»

En tant que personne non-binaire, Alexe estime que le concept de sexe ne s’applique pas à sa personne. «J’ai grandi dans un genre, je vis dans un autre», affirme-t-iel.

«Je me sens oublié.e»

Alexe qui réside dans le quartier de Saint-Michel a contacté plusieurs groupes de courtiers en assurances. C’est le même son de cloche partout. «Apparemment, c’est vraiment impossible de contourner toutes ces questions-là dans leur système malgré toute leur bonne volonté», dit-iel.

«Je me sens oublié.e, poursuit Alexe. Je sens qu’il y a toujours des priorités plus hautes que moi. De m’inclure et d’inclure ma communauté, ce n’est jamais important.»

Le directeur général d’Interligne, Pascal Vaillancourt, pense que cette situation est un exemple parfait de transphobie systémique. «La charte des droits et libertés de la personne inclut la protection de l’identité de genre depuis déjà quelques années, mais le système ne s’est pas adapté», dit-il.

Alexe Frédéric Migneault est du même avis. «Pour moi, cela illustre bien le fossé entre les systèmes et le rythme de l’évolution de la culture. Les gens à qui j’ai parlé dans l’industrie de l’assurance, pourtant assez conservatrice déjà, m’ont eux-mêmes quasiment tous appuyé.e tout de suite. C’est très contradictoire», explique-t-iel.

Une première fois

Contacté par Métro, le Bureau d’assurance du Canada (BAC) indique que c’est la première fois qu’il reçoit une demande d’information concernant les personnes non-binaires.

Alexe a finalement eu un retour du BAC au même moment. On lui a demandé de transmettre une liste de cinq entreprises d’assurance comprenant des noms de contact et des numéros de téléphone afin de faire un suivi.

Pour Alexe, il semble y avoir de l’espoir. «Ce serait une belle étape de franchie dans l’inclusion des non-binaires du Québec», se réjouit-iel.

La conseillère en communications Anne Morin précise que l’accès à l’assurance est garanti au Québec. «Les données d’âge et de sexe sont importantes lors d’une soumission d’assurance, car elles permettent d’évaluer le risque d’accident», explique-t-elle.

Selon Pascal Vaillancourt, il est problématique que le calcul du risque se base encore sur des conceptions stéréotypées des genres.

Le Québec en retard

Au sujet de l’identité de genre, le Québec est en retard sur d’autres provinces et territoires du Canada puisque l’option «genre X» est seulement offerte pour les autorisations de voyage électroniques et les passeports.

En 2018, Alexe Frédéric Migneault a déposé une demande au directeur de l’état civil pour que le marqueur de sexe sur son certificat de naissance soit retiré. Cela a été refusé.

«Devant tous les refus administratifs, j’ai moi-même censuré tous mes documents là où il y a des indicateurs de sexe. J’estime que ce n’est pas une donnée qui peut être dévoilée à n’importe qui. C’est mon anatomie et je veux la garder confidentielle.»

Or, les Territoires du Nord-Ouest, la Saskatchewan, l’Alberta, l’Ontario, ainsi que Terre-Neuve et Labrador ont des options de genre inclusives sur les certificats de naissance.

Il en est de même pour le permis de conduire dans les Territoires du Nord-Ouest, en Alberta et en Ontario.

«On est toujours un peu en arrière et ça m’exaspère, constate Alexe. Je songe sérieusement à déménager en Ontario juste à cause de toutes les difficultés que j’ai.»

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