Montréal

Couvre-feu: l’absence du commissaire aux itinérants cause une bisbille

itinerant

Un homme itinérant transporte ses effets personnels dans le centre-ville.

Au courant des dernières semaines, des courriels ont été envoyés à la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et au commissaire aux personnes en situation d’itinérance, Serge Lareault, pour dénoncer notamment l’absence de celui-ci dans le paysage médiatique concernant le couvre-feu.

Alors que les enjeux touchant les personnes en situation d’itinérance étaient au cœur des débats ces dernières semaines, Serge Lareault est resté loin des projecteurs.

Ce silence a été mal vu par certains citoyens et travailleurs du milieu qui lui ont fait parvenir des messages pour faire part de leur frustration. Ils évoquaient notamment le démantèlement du campement Notre-Dame, la coupe de postes d’intervenant, l’exemption du couvre-feu pour les personnes sans-abris et la mort tragique de l’un d’eux, Raphaël André.

Incompréhension du rôle de commissaire

Or, le rôle du commissaire aux personnes en situation d’itinérance – autrefois Protecteur des personnes itinérantes – n’est pas d’agir à titre de porte-parole, explique Serge Lareault en entrevue à Métro.

«J’entends qu’il y a des grandes attentes par rapport au poste de commissaire aux personnes en situation d’itinérance et peut-être une incompréhension aussi du rôle de commissaire», affirme-t-il.

En effet, le travail de Serge Lareault est plutôt de conseiller l’administration municipale pour la guider dans ses décisions relatives à l’offre de services.

Pour le président et chef de la direction de la Mission Old Brewery, James Hughes, le rôle du commissaire municipal en est un fort important. «Il est l’expert en itinérance à l’intérieur de la Ville de Montréal, explique-t-il. Il cherche nos conseil et notre input dans différents dossiers.»

Exemption du couvre-feu

D’ailleurs, Serge Lareault soutient qu’il a alerté le gouvernement du Québec et la mairesse Valérie Plante de ses préoccupations concernant les personnes de la rue et le couvre-feu.

«Dès l’annonce, on s’est activé autant en appelant à Québec pour leur dire  »vous avez oublié les itinérants dans tout ça »», précise M. Lareault.

S’il n’a pas eu de difficultés à convaincre la mairesse Valérie Plante de recommander l’exemption du couvre-feu pour les itinérants, un jugement de la Cour supérieure du Québec a cependant été nécessaire pour faire plier le gouvernement Legault.

Pour James Hughes, il est clair que la porte-parole pour la Ville de Montréal, même pour les enjeux d’itinérance, c’est Mme Plante.

Toutefois, il pense que M. Lareault pourrait intervenir davantage dans les médias, selon le sujet. «La question, c’est comment mettre ses talents à meilleur usage pour notre métropole», ajoute-t-il.

Offre de services pour les itinérants

Les messages envoyés à Serge Lareault et Valérie Plante soulevaient également des enjeux d’offre de services dans les ressources d’hébergement.

«Les gens, par exemple, s’adressent à la Ville sur la qualité des services dans certaines ressources d’hébergement, dit le commissaire. Ça, on le transfère et on s’assure qu’il y ait une réponse qui est donnée, soit écrite ou en actions à chaque demande.»

Le rôle de Serge Lareault est donc aussi de rediriger «les demandes aux bonnes instances».

Cette incompréhension de son travail amène Serge Lareault à se questionner sur ses efforts en matière de communication. Sans commenter tout ce qui se passe dans l’actualité, il pense que sa présence pourrait être «plus accrue.»

«J’en ai parlé avec la mairesse, qui est tout à fait ouverte à voir comment un commissaire de la Ville de Montréal peut être plus visible, mentionne-t-il. C’est certain que le message a été entendu.»

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