Dans son Plan stratégique de développement (PSD), l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) gagnerait à favoriser le développement des déplacements intramunicipaux et l’interconnectivité entre les municipalités, pensent plusieurs intervenants ayant participé à la démarche consultative sur le projet.
C’est un des constats qui ressort du rapport de la consultation sur le PSD de l’ARTM, un projet qui comporte des stratégies pour améliorer l’offre en transport collectif dans la région métropolitaine de Montréal.
Au total, 100 contributions écrites ont été reçues. Parmi les participants ayant déposé une opinion, on retrouve cinq organismes à vocation sociale, huit organismes environnementaux, neuf organismes spécialisés en mobilité, 47 acteurs municipaux, 15 regroupements d’affaires ou entreprises privées, quatre organismes issus du milieu académique ou technique et 11 citoyens.
Si les participants ont soutenu majoritairement le PSD, ils ont aussi suggéré des aspects à développer ou des améliorations aux interventions proposées par le projet de Plan.
Offre de transport en dehors de Montréal
Plusieurs contributions s’attardent sur l’offre de services à travers les territoires de l’ARTM. En effet, cet enjeu a été identifié par 11 participants à la consultation, dont cinq municipalités, trois entreprises privées, deux organismes environnementaux et un citoyen.
Il est notamment question du besoin d’établir davantage de circuits et de liens directs vers les pôles d’activités.
Le projet de PSD propose de développer le réseau de transport collectif structurant (RTCS). Le Plan suggère un ensemble d’axes structurants qui feront l’objet d’études au cours des prochaines années afin de réaliser les prochains projets de transport collectif dans la décennie à venir.
Toutefois, les représentants municipaux de la couronne nord signalent l’absence de proposition d’axes structurants de transport collectif dans ce secteur. Ils proposent de considérer l’autoroute 640 comme axe structurant à analyser afin de répondre aux besoins pressants de desserte de transport collectif.
Des municipalités ont aussi fait part d’axes qui devraient faire l’objet d’études à titre d’axes structurants, notamment à Montréal, à Laval et dans la couronne sud.
Huit intervenants estiment autrement que le PSD doit favoriser le développement des déplacements intramunicipaux et l’interconnectivité entre les municipalités, entre autres dans les couronnes nord et sud. Ils souhaitent que les écarts de niveau de services entre les secteurs soient comblés, notamment en bonifiant des services de trains de banlieue.
Conséquences de la COVID-19 sur le transport
Par ailleurs, des intervenants signalent que l’ARTM ne tient pas assez compte des conséquences de la situation sanitaire liée à la COVID-19.
Trois municipalités soulignent que dans un tel contexte, la demande pour des déplacements interurbains et intra-urbains va possiblement augmenter.
Si le PSD se concentre sur la desserte vers le centre-ville, il ne propose pas de pistes de réflexions ou d’actions concernant l’augmentation prononcée du télétravail, ainsi que l’exode de population vers les villes de banlieue, déplorent-elles.
À l’heure actuelle, ces municipalités estiment être désavantagées à cause d’une disparité dans les niveaux de service de transport collectif entre différents territoires.
Les intervenants suggèrent que le projet de PSD tienne compte des effets à moyen et à long terme de la pandémie dans sa proposition de développement des services de transport collectif. Dans la même veine, il est suggéré que l’ARTM mène une enquête sur les impacts de COVID-19 afin d’obtenir un portrait plus précis de ses effets sur le transport collectif.
Autres propositions
Les participants ont également identifié une foule d’autres améliorations au Plan.
Neuf acteurs questionnent la faisabilité des objectifs de hausse de la proportion de déplacements effectués en transport collectif. Ils demandent notamment à l’ARTM de déterminer des objectifs intermédiaires de l’atteinte des cibles.
Par ailleurs, quatre participants, dont deux citoyens, un organisme environnemental et une municipalité, souhaiteraient que le PSD présente des données quant aux émissions de GES par mode de transport.
Selon la Coalition climat Montréal, sans cette information, cela signifie, par exemple, que l’ARTM présume que les autobus diesel réduisent beaucoup les émissions de GES.
«En réalité, la performance, par passager, des autobus diesel dépend de leur facteur de charge. Comme les autobus en banlieue lointaine transportent un faible nombre de clients, l’ajout d’autobus ne permet pas de réductions significatives des GES», ajoute-t-on.
Une version enrichie du plan sera soumise au conseil d’administration de l’ARTM en vue de son adoption. À l’issue de l’analyse de conformité par le gouvernement du Québec, le PSD sera présenté à la CMM en vue de son approbation finale.