Le chef d’Ensemble Montréal, Denis Coderre, suggère de «requalifier» des hôtels en maisons de chambres pour y reloger des itinérants qui campent dans certains secteurs de la ville.
Le candidat à la mairie de Montréal avait convoqué les journalistes mardi pour une conférence de presse devant le boisé Steinberg, situé au coin du boulevard de l’Assomption et de la rue Hochelaga, où un nouveau campement de sans-abri prend de l’ampleur.
En effet, une dizaine de tentes et quelques roulottes sont installées à l’endroit situé au nord-est de la rue Notre-Dame, où une centaine de personnes itinérantes avaient planté leurs tentes l’été dernier avant le démantèlement du campement.
Denis Coderre ne veut pas recréer la situation de l’an passé. Pour lui, il est clair que le nouveau campement sur la rue Hochelaga doit rester temporaire.
«On ne peut pas avoir des campements comme ça, a-t-il déclaré. Mais on ne peut pas non plus promettre des logements sociaux à gauche et à droite et instrumentaliser l’itinérance à mauvais escient.»
«Requalifier» des hôtels
Le candidat à la mairie propose comme «solution ponctuelle» de conclure des ententes permanentes avec des hôtels ou d’acheter des bâtiments afin de les transformer en maisons de chambres pour les personnes en situation d’itinérance.
Contrairement aux refuges, les maisons de chambres n’obligent pas les utilisateurs à quitter durant le jour avec leurs effets personnels. «Ce que les gens veulent avant tout, c’est de ne pas perdre ce qu’ils ont. Ils veulent avoir une place où ils peuvent laisser leurs choses. Et ils ne veulent certainement pas un refuge où ils doivent quitter le matin. Ils veulent avoir une stabilité», a-t-il affirmé.
Denis Coderre cite en exemple une entente temporaire conclue avec l’Hôtel Universel, situé au coin des rues Viau et Sherbrooke, non loin du nouveau campement d’itinérants d’Hochelaga. «On est en pandémie, les hôtels souffrent présentement. On a juste à se donner des outils pour que ça se fasse de façon permanente», a-t-il ajouté.
Selon lui, renégocier des ententes permettrait de loger des campeurs en attendant la construction de logements sociaux. «On va vous donner le temps nécessaire pour les bâtir, mais entre-temps, on ne laissera personne pour compte, a-t-il expliqué. […] En ayant des mesures de transition, par la suite, on va être en mesure de travailler sur le logement abordable et le logement social.»
Reloger les campeurs du boisé Steinberg
De passage au campement du boisé Steinberg, le chef d’Ensemble Montréal s’est entretenu avec Guylain Levasseur, un des campeurs qui souhaite y passer l’été. «Je ne suis pas prêt à partir, c’est ma maison ça», a expliqué le sans-abri en pointant sa roulotte.
Denis Coderre a tenté de convaincre l’homme qu’une maison de chambre située dans le secteur était la meilleure solution.
«Je comprends que si on avait une trentaine de chambres, on pourrait régler le problème ici, a-t-il souligné. S’il y a une situation à Montréal-Nord, on va regarder en conséquence. […] Il ne faut pas qu’on prenne le monde et qu’on les amène 50 miles plus loin. Il y a des gens qui s’installent et qui vivent dans leur milieu, donc de grandir dans leur propre milieu, c’est ça la mixité sociale également.»
L’ex-maire de Montréal souhaite aussi travailler en collaboration avec des intervenants de milieu communautaire pour accompagner les personnes itinérantes dans leur transition.
L’administration Plante réagit
En réaction aux propositions de Denis Coderre, l’administration de Valérie Plante précise avoir adopté des règlements en arrondissement pour protéger les maisons de chambres l’été dernier.
En effet, six arrondissements centraux de Montréal interdisent dorénavant la conversion des maisons de chambres en d’autres types d’habitations. Il s’agit des arrondissements de Ville-Marie, du Plateau-Mont-Royal, du Sud-Ouest, de Rosemont–La Petite-Patrie, de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.
«Aucun arrondissement du parti de l’ex-maire n’a pris la peine de réglementer en ce sens», déplore l’attachée de presse au cabinet de la mairesse Valérie Plante, Catherine Cadotte.
Elle ajoute que son administration finance aussi la rénovation des maisons de chambres à l’intérieur du programme AccesLogis. «L’ex-maire n’a jamais démontré de leadership sur cette question et ses élus devraient protéger les maisons de chambre des rénovictions», précise-t-elle.