Les Forces armées canadiennes dépêchées en renfort dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) sont arrivées trop tard à Yvon-Brunet, selon un infirmier auxiliaire qui est aussi agent syndical.
C’est le constat qu’a fait le professionnel de la santé, dont le nom est frappé par un interdit de publication, à la dernière journée des audiences de l’enquête publique portant sur les décès survenus dans le milieu d’hébergement.
Des employés du CHSLD Yvon-Brunet ont aussi témoigné en ce sens lors de ces audiences. Cependant, la majorité d’entre eux ont affirmé avoir accueilli avec soulagement l’arrivée d’une trentaine de militaires dans l’établissement le 20 avril.
À ce moment, le CHSLD était en manque de personnel soignant considérant que plusieurs employés avaient été infectés à la COVID-19 et étaient toujours en isolement.
Mais pour un infirmier auxiliaire venu témoigné lundi matin au palais de justice de Laval, les Forces armées canadiennes auraient dû arriver deux semaines plus tôt au CHSLD Yvon-Brunet, où le deux tiers des résidents ont été infectés à la COVID-19.
En effet, à la fin du mois d’avril, la majorité des 73 décès étaient déjà survenus dans l’établissement de Ville-Émard. «Le mal était fait», a déclaré l’infirmier auxiliaire et agent syndical à la barre.
Le témoin a ajouté que même les militaires s’étaient aperçus de leur retard étant donné qu’ils se chargeaient surtout de la désinfection des lieux.
Témoignage des Forces armées canadiennes
Lundi après-midi, c’était au tour de la major Caroline Cameron des Forces armées canadiennes de témoigner devant la coroner qui préside l’enquête, Géhane Kamel. L’infirmière militaire est la commandante de l’équipe militaire déployée au CHSLD Yvon-Brunet, une des premières qui a été déployée sur le terrain au Québec.
Selon les observations des Forces armées, la structure organisationnelle du CHSLD Yvon-Brunet était «très présente» bien que l’établissement était en manque d’effectifs en avril 2020. Ce manque de personnel a eu «un impact sur l’augmentation et la lourdeur des soins à prodiguer dans le contexte pandémique», a ajouté la major Caroline Cameron. Du 20 avril au 25 mai, il n’y avait pas de «problème majeur» avec l’équipement de protection individuelle, a-t-elle aussi précisé.
Selon les données de la témoin, 70 des 135 résidents du CHSLD Yvon-Brunet étaient infectés à la COVID-19 en date du 18 avril. Ce chiffre a ensuite grimpé à 115 résidents le 23 avril, avant de diminuer au début du mois de mai, a-t-elle dit.
Les audiences de l’enquête sur le CHSLD Yvon-Brunet ont débuté lundi au palais de justice de Laval, et se terminent aujourd’hui. À compter de mardi, les audiences porteront sur le CHSLD Sainte-Dorothée de Laval.