Les bienfaits de l’allaitement sont largement reconnus par la communauté scientifique. Mais bien que ce soit un geste naturel, l’allaitement n’est pas nécessairement facile au départ pour les femmes.
Afin d’aider les futures mamans qui décident d’allaiter, il est essentiel de leur offrir un soutien en continu tout au long du processus – soit de la grossesse au sevrage de l’allaitement. À Montréal, plusieurs organismes communautaires interviennent dans ce créneau et ce en parallèle des prestations offertes par les services des centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS).
Pour Sophie Morel, directrice générale de Nourri-Source Montréal, un organisme communautaire d’entraide à l’allaitement, «la préparation prénatale à l’allaitement est un incontournable pour le bon démarrage».
«Pour la poursuite de l’allaitement, le soutien par l’entourage, par les professionnels de la santé, par la communauté et par les pairs – comme les marraines d’allaitement bénévoles de Nourri-Source Montréal – est primordial», précise Mme Morel, contactée par Métro. Son organisme qui fait partie de la fédération Nourri-Source du Québec offre aux futurs parents un atelier virtuel de préparation à l’allaitement.
Les rencontres initiées par cet organisme «ont été conçues pour outiller les parents avec des connaissances et des habiletés de base pour renforcer leur confiance dans les premiers jours et semaines d’allaitement», selon Mme Morel.
De son côté, l’organisme Espace famille Villeray offre un riche programme au profit des femmes et futures mamans. «Nous offrons des ateliers de préparation à l’allaitement de 2h, des rencontres prénatales (6 x 2,25 heures) et un halte-allaitement avec une accompagnante à la naissance. Il y a aussi la présence d’une marraine d’allaitement Nourri-Source chaque semaine lors des déjeuners-causeries», selon Estelle Huard, directrice de l’organisme Espace-Famille Villeray (EFV), contactée par Métro.
Trois femmes sur quatre n’allaitent plus après 6 mois
Un quart seulement des femmes allaitent leurs enfants au-delà de 6 mois. Selon Anne Desgeorges, consultante en lactation et animatrice de plusieurs ateliers spécialisés en périnatalité chez EFV, «c’est une question de culture». Alors que l’OMS recommande l’allaitement jusqu’à au moins 2 ans, un allaitement «prolongé» après 6 mois est perçu dans certains milieux comme trop long.
«Des mères ressentent une pression sociale à arrêter l’allaitement après quelques mois, alors qu’en fait, l’allaitement devrait être maintenu tant et aussi longtemps que la mère et le bébé sont à l’aise», explique cette consultante.
Même son de cloche chez la directrice générale de Nourri-Source Montréal. Pour Sophie Morel, «au-delà des solutions aux difficultés techniques ou cliniques, c’est principalement le soutien émotif et l’assurance quant à la capacité d’allaiter qui feront la différence pour les familles».
«Les informations incohérentes ou contradictoires que les parents reçoivent de toutes parts contribuent aussi aux défis de l’allaitement. Enfin, les pressions commerciales des fabricants et distributeurs de substituts du lait maternel viennent nuire aux efforts de protection et de promotion de l’allaitement» explique Mme Morel.
De ce fait, le rôle de la communauté et de l’entourage est déterminant. «Il est important que la communauté soit favorable à l’allaitement, afin que les femmes et les familles qui décident d’allaiter se sentent accueillies et soutenues. Il y a souvent un enjeu au niveau des attentes des nouveaux parents face à l’allaitement. Ils pensent que l’allaitement se fera instinctivement et que la mère devrait pouvoir se débrouiller seule. Au contraire, ça prendrait un village!», explique Mme Desgeorges.
Les femmes sont-elles bien prises en charges?
La question relative à la qualité de prise en charge des femmes qui allaitent par le personnel médical est également posée. Pour Carole Jones, accompagnante à la naissance et naturopathe, animatrice des rencontres prénatales et des ateliers de préparation à l’allaitement chez EFV, «beaucoup de nouvelles mamans sont mal guidées par le personnel hospitalier à la naissance».
Pour Mme Jones, les personnes qualifiées sont les consultantes en lactation certifiées (IBCLC). «Pourquoi ne sont-elles pas présentes en première ligne, juste après l’accouchement?», s’interroge-t-elle.