Dès mai 2023, la distribution du Publisac se fera sur demande à Montréal. Cela signifie que les journaux locaux qui y sont insérés devront s’adapter pour conserver leur rentabilité, un enjeu dont est bien consciente la mairesse de Montréal, Valérie Plante. L’élue s’est entretenue avec Métro concernant son plan pour soutenir la presse locale.
Qu’est-ce qui justifie votre décision de modifier la distribution des circulaires?
C’est une décision qui a été mûrement réfléchie. On voulait s’assurer de regarder tous les angles entourant la distribution de matériel publicitaire. Considérant l’urgence climatique, on en est arrivé à la conclusion que c’était vraiment la chose à faire, quand on sait entre autres que les Publisacs tels qu’on les connaît représentent à peu près 10% de ce qui se retrouve dans le centre de tri de Lachine. Il ne faut pas oublier que dans notre plan climat, on veut être zéro déchet d’ici 2030, c’est très ambitieux. Chaque personne devra diminuer sa production de déchets.
Avez-vous évalué le nombre de citoyens qui souhaiteront continuer à recevoir la circulaire?
Un sondage indique que 53% des répondants voudront continuer à le recevoir. Je trouve ça intéressant, parce que ça va nous permettre de faire un bon geste pour l’environnement. C’est évocateur, ça nous indique que la démarche que l’on fait est la bonne. Quand on constate la quantité de plastique gaspillé, on doit agir. On doit s’assurer que la quantité produite correspond à la demande.
Votre plan inclut un appui financier aux médias locaux. Comment cela pourra-t-il se matérialiser?
Je suis très heureuse que les médias locaux aient embarqué dans la réflexion avec nous au cours de la dernière année. Mais ce n’est pas moi qui vais trouver des solutions. En fonction de la transformation qu’ils envisagent, on veut voir comment on peut les soutenir. On veut vraiment payer des publicités des arrondissements, de la Ville de Montréal. C’est un soutien financier qui pourrait prendre plusieurs formes, dont celle-là.
Mais la Ville de Montréal achète déjà de la publicité dans les journaux locaux. Concrètement, est-ce que la Ville pourrait leur donner une subvention?
Il est trop tôt pour vous le dire. La publicité existe déjà comme vous le mentionnez, mais il y a une manière de changer l’ampleur qu’elle prend. Il y a tellement de possibilités en termes de financement. C’est à l’industrie elle-même de se repositionner, de voir comment elle peut survivre, continuer d’exister dans un milieu où les gens passent plus de temps sur les tablettes. On veut être un partenaire important pour soutenir les médias locaux au cours des prochaines années.
Il ne faut pas oublier que l’adhésion volontaire entre en vigueur seulement dans un an. Ça nous donne une année pour financer nos programmes et voir comment cette aide financière va se matérialiser.
L’aide de la Ville suffira-t-elle aux médias locaux? Chercherez-vous le soutien du gouvernement provincial?
L’année qui s’en vient nous permettra de raffiner notre plan de match. Les médias locaux auront une année pour se préparer et nous serons là en soutien. Ce n’est pas la Ville de Montréal qui va pouvoir s’assurer pleinement que ces médias-là survivent. Mais on veut être partie prenante. Si on est capable d’envoyer un message et même d’être un modèle pour d’autres paliers gouvernementaux, on sera là.
La publication de journaux papier, un peu à l’image des circulaires, cause un impact environnemental. Pensez-vous que les médias doivent compléter un virage numérique, et laisser tomber le papier?
Les différentes tranches de la population consomment l’information différemment. Je ne veux pas limiter ça à une question générationnelle, mais il y a quand même un peu de ça.
Il faut qu’on ait une réflexion critique sur ce que l’on veut en tant que société. Comment on peut s’assurer que tout le monde ait accès au matériel technologique? Parce qu’on ne veut pas que l’accès à l’information soit réservé seulement à certaines tranches de la population. C’est très important comme sujet, il faut s’assurer de ne laisser personne derrière.
Pour les journaux locaux, les publicités des arrondissements représentent une source de revenus importante. Quel mot d’ordre avez-vous lancé aux maires d’arrondissements en termes de stratégie publicitaire?
Ce qui a été envoyé comme message, c’est à quel point les médias locaux sont importants. Dans Ville-Marie, où j’ai été élue, nous n’avons pas la chance de miser sur un média local, c’est quelque chose qui me manque au point où je suis parfois jalouse des autres arrondissements. Ça permet que l’information circule. C’est évident que pendant la période de transition, on vaudra continuer de les soutenir.