Après trois années de discussions entre le secteur privé et la Ville de Montréal au sujet du redéveloppement du secteur Bridge-Bonaventure, autour du bassin Peel, la situation semble toujours au point mort. Des acteurs du secteur privé, notamment le président de Devimco Serge Goulet, ont fait part de leur insatisfaction à l’égard du plan que leur a proposé la Ville il y a trois semaines.
«Ils n’ont absolument pas tenu compte de ce que nous avions exprimé», a déclaré le président de la firme Coprim, Vianney Bélanger. Selon lui, les propositions en matière de densité de logements représentent une «sous-densification» face à la crise du logement. Selon lui, les plans de la Ville freinent le développement urbain.
Le projet favorisé par l’administration Plante a été dévoilé dans La Presse le mois dernier. Serge Goulet a fait connaître son mécontentement à propos du nombre de logements proposé par la Ville, soit 3800. Devimco possède une partie des terrains privés du secteur. M. Goulet souhaiterait voir trois fois plus de logements, soit entre 12 000 et 15 000 habitations.
«La question que je me pose, c’est: la Ville est-elle en train d’instrumentaliser des activités de consultation pour consolider leurs visions qui ont été prises bien en amont?», a déclaré Serge Goulet. «Est-ce que c’est socialement responsable de demander aux citoyens […] de payer à même leurs taxes pour un projet sous-développé alors qu’un projet raisonnable serait autofinancé?»
Devant les propositions de la Ville, il souligne que la façon dont celle-ci travaille avec le privé est remise en question.
On a de hautes compétences et [la Ville] ne s’en sert pas
Serge Goulet, président de Devimco
Il explique que si les propositions du privé restent lettre morte, Devimco n’attendra pas. Il développera donc ses terrains en fonction du zonage en vigueur.
Serge Goulet s’est réjouit que la Ville souhaite voir s’installer une station REM dans le secteur du bassin Peel. Cela permettra de désenclaver le secteur et de minimiser la place de l’automobile.
Des grandes tours pour plus d’espaces verts et de logements sociaux
Les promoteurs ont souligné que la construction d’immeubles «de faible empreinte au sol» permettra d’avoir plus d’espaces verts.
Le vice-président de MACH, Cédric Constantin, a ajouté que le réseau de parcs du canal Lachine pourrait aussi venir se connecter. Cela permettra d’enrichir le développement d’espaces verts du secteur.
Concernant la présence de logements sociaux et d’une école dans le secteur, les promoteurs ont réitéré l’utilité de dégager de l’espace au sol à cet effet.
« Tous les développeurs privés ont manifesté leur intention et leur intérêt d’accueillir des équipements communautaires, il n’y a aucun problème sur ça. […] tu peux pas mettre une école au 20e étage, il faut que tu dégages du sol», a déclaré Serge Goulet.
Il s’est aussi engagé à respecter la règlementation 20-20-20 pour l’implantation de logements sociaux et abordable. Cette dernière oblige tout promoteur à inclure dans leur projet 20% de logements sociaux, 20% de logements abordables et 20% de logements familiaux.
«Plus il y aura d’habitations, plus il y aura de logements sociaux et abordables», a déclaré le président de Devimco.
Les promoteurs convieront la population ainsi que les acteurs économiques et communautaires à «un grand dialogue» à la fin mai directement sur place pour exposer leur vision du secteur, laquelle est «beaucoup plus dynamique que ce qui a été proposé [par la Ville]».
«On veut que toute la population ait l’occasion de voir notre vision à nous, a expliqué Serge Goulet. Nous, on veut faire un développement responsable.»