Trouver un logement n’est pas chose facile à Montréal. Problèmes d’abordabilité, surenchère immobilière, hausses de loyers abusives, « rénoviction », la liste de raisons qui compliquent la vie d’un nombre important de locataires est longue.
Bien que le taux d’inoccupation des logements soit plus élevé à Montréal que dans le reste de la province, beaucoup des logements disponibles sont trop chers et mal-adaptés aux besoins des locataires qui doivent déménager.
À la suite de l’annonce du départ de sa sœur de leur colocation, Seylia a dû se mettre à la recherche d’un nouveau logement. Bien qu’elle ait commencé à consulter des annonces et à visiter des appartements à partir du mois d’avril, elle a signé un bail il y a seulement quelques jours.
« Ça a été assez compliqué, les prix ont beaucoup augmenté. J’ai fait tous les quartiers de Montréal, j’ai visité beaucoup d’appartements dont les annonces disaient que c’était des trois et demi alors que c’étaient en fait des studios. Je paie plus que ce que j’avais prévu, mais si je ne voulais pas me retrouver à la rue, je n’avais pas le choix. »
Même son de cloche du côté de Jess, venue vivre à Montréal pour apprendre le français. Elle a contacté plus de 200 propriétaires et fait des dizaines de visites avant de finalement trouver un appartement, au-dessus de son budget. À quelques reprises elle s’est présentée à une visite seulement pour se faire dire que le logement avait été loué dans les moments précédant son arrivée. La « fête du déménagement » était quelque chose de nouveau pour Jess, mais pour elle, pas grand-chose de festif. « On sent que c’est une semaine très stressante pour beaucoup de gens. »
D’après la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), le taux d’inoccupation est de 3,7 % sur l’ensemble du territoire montréalais, au-dessus du seuil de 3% à partir duquel on parle de pénurie.
Cependant, certains types de logements sont beaucoup plus rares que d’autres sur le marché locatif. Ainsi, d’après une enquête sur le marché locatif menée par la Communauté métropolitaine de Montréal, pour les logements locatifs de trois chambres et plus, le taux d’inoccupation est demeuré, depuis le début de la pandémie, sous 1,5 % dans tous les secteurs de la CMM, à l’exception de l’agglomération de Montréal, où il se chiffre à 2,8. Cette catégorie, qui ne représente que 20,1 % de l’ensemble du parc locatif de la région est celle qui peut davantage convenir aux familles avec plus d’un enfant. Dans certains quartiers montréalais, la disponibilité de ce type de logements est à 0,1 % et les logements disponibles sont hors de prix pour la plupart des familles.
Problèmes d’abordabilité
Ce sont près de 200 000 ménages locataires à faible revenu qui éprouvent des problèmes d’abordabilité du logement dans la région du grand Montréal. On parle de problème d’abordabilité lorsque les locataires doivent consacrer 30 % et plus de leur revenu brut pour se loger, un défi de plus en plus difficile pour les ménages gagnant moins de 50 000 $ par année.
Selon un rapport sur le marché locatif publié par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), pour l’année 2021, les loyers ont augmenté de 4 % dans la région montréalaise, l’une des variations les plus fortes au pays. Mais selon le Regroupement des comités logements et associations de locataires du Québec (RCLALQ), l’augmentation du prix des loyers est nettement supérieur aux données officielles de la SCHL.
« Lorsque comparés aux données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), les résultats de l’enquête du RCLALQ sont tout aussi frappants. Pour la RMR de Montréal, on note un écart de 49 % entre le loyer moyen d’un quatre et demi à louer sur Kijiji (1349 $) et le loyer moyen issu de l’enquête de la SCHL (903 $). »
L’explosion des loyers, enquête de juin 2021 faite par le RCLALQ
D’après la Communauté métropolitaine de Montréal, un des effets directs du manque de logements abordables est que de nombreux ménages à faible revenu sont contraints de se loger dans des logements mal entretenus, voire insalubres. C’est dans le marché du locatif que l’on retrouve le plus grand nombre de logements nécessitant des réparations majeures, soit 58 300, ce qui représente 8 % de l’ensemble des logements locatifs. Parmi ces logements locatifs nécessitant des réparations majeures, 38,2 % sont habités par des ménages à faible revenu.