Si aucun accord n’est trouvé d’ici ce soir, 21h, des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux débraieront, dès demain, une première en 30 ans. Cet important mouvement social pourrait avoir des conséquences pour les Montréalais.
Le principal syndicat les représentant, l’Alliance de la fonction publique canadienne (AFPC), s’est récemment doté d’un mandat de grève qu’il peut déclencher à son bon vouloir. L’AFPC assure ne pas vouloir prendre les Canadiens «en otage», mais souhaiter ralentir les services pour faire pression sur leur employeur, le gouvernement. Le syndicat réclame, entre autres, de meilleurs salaires et une garantie de pouvoir télétravailler.
Prestations et remboursements d’impôt retardés
Ce n’est une surprise pour personne, les Montréalais ne sont pas exempts de payer des impôts. Le traitement des déclarations de revenus pourrait prendre du temps à être traité, tout comme le versement de certaines prestations et des remboursements d’impôt. Cela ne concerne pas la déclaration de revenus faites au niveau provincial, Revenu Québec n’étant pas concerné par la grève.
Enfin, les citoyens rencontrant des problèmes pour déclarer leurs revenus ou concernant des prestations pourraient faire face à des délais d’attente plus longs que d’habitude en appelant l’Agence du revenu du Canada. Le Syndicat des employé-e-s de l’impôt est en négociation et a voté le mandat de grève, avec l’AFPC.
Le retour de la crise des passeports ?
Si ses travailleurs débraient, Service Canada devra réduire ses services. Or, parmi ceux-ci, on trouve la délivrance des passeports. Les passeports délivrés en priorité seraient ceux pour un motif urgent ou humanitaire. Reste à voir si cette grève potentielle aurait un impact tel que la pandémie sur la délivrance des passeports pour les citoyens canadiens.
Précarité de statut pour les immigrants
Les résidents étrangers du Canada ne pourront pas se réjouir de pouvoir refaire leur passeport plus facilement que les Canadiens. En effet, il faut attendre longtemps pour obtenir un visa de travailleur ou d’étudiant au Canada et les délais pourraient s’empirer pour traiter de telles demandes.
Si les permis d’étude sont délivrés assez rapidement pour l’instant, les permis de travail, les résidences permanentes et les naturalisations mettent déjà du temps à être traités. Obtenir une résidence permanente depuis le Québec à titre de travailleur qualifié prend 20 mois, et l’attribution de la citoyenneté canadienne se fait dans un délai moyen de 22 mois.
En l’absence de nouveau statut légal, les immigrés résidant à Montréal, une des villes canadiennes qui en accueille le plus, pourraient être plongés dans la précarité de statut. Si leur visa actuel expire, sans en avoir de nouveau, ils se retrouvent en statut implicite. Ils ne peuvent alors pas quitter le territoire en attendant qu’une décision soit remise à l’égard de leur demande et sont également exclus de la Régie de l’assurance maladie du Québec.
Redirigez-vous vers la SÉPAQ
Si vous aviez prévu d’aller visiter le parc national de la Mauricie, situé à 1h30 de Montréal, vous devriez peut-être reconsidérer vos plans. Les employés de Parcs Canada, l’agence qui administre cet espace protégé, sont syndiqués avec le Syndicat des employés et employées nationaux, qui est également muni d’un mandat de grève.
Notons cependant que Parcs Canada n’a pas dévoilé les conséquences du potentiel mouvement social sur ses activités. Rassurez-vous, la nature reste à portée de main près de Montréal. En effet, les parcs nationaux administrés par la province, via la SÉPAQ, restent ouverts ainsi que les parcs régionaux. Parmi les autres parcs nationaux canadiens qui pourraient se mettre en grève, le parc Forillon et le parc marin du Saguenay.
Qu’en est-il de Montréal-Trudeau ?
La situation de l’aéroport Montréal-Trudeau est plus compliquée. Si une partie des travailleurs y sont à l’emploi d’Aéroports de Montréal et ne sont donc pas concernés par le mandat de grèves, les douanes et la sécurité sont gérés par le gouvernement fédéral. Le Syndicat des Douanes et de l’Immigration et l’Union canadienne des employés des transports disposent tous les deux de mandats de grève.
Cependant, ces travailleurs peuvent être reconnus comme essentiels. Contacté par Métro, l’ADM ne pouvait pas encore prévoir si une grève des employés fédéraux pourrait perturber les activités de l’aéroport. «Il est trop tôt pour dire l’impact que ça pourrait avoir», affirme le conseiller aux communications de l’entreprise, Éric Forest.
Il s’agit des plus importants services impactés, mais notez que d’autres services, à moins grande portée, pourraient être touchés. La décision de déclencher, ou non, la grève, sera connue ce 18 avril, à 21h.
Par contre, certaines entreprises publiques qui ne sont pas toutes syndiquées avec l’AFPC ne seront, dans tous les cas, pas en grève. Il s’agit de Postes Canada, VIA Rail et de Radio-Canada/CBC.