Les personnes en situation d’itinérance qui campent sous l’autoroute Ville-Marie pourront y rester jusqu’au 15 juin. Ces campeurs sont menacés d’expulsion par le ministère des Transports (MTQ), qui veut entamer des travaux majeurs de réfection sur l’autoroute.
Le MTQ s’engage à ne pas évincer les campeurs d’ici cette date à condition qu’ils ne tentent pas d’interférer avec les travaux, en vertu d’une entente signée avec la Clinique juridique itinérante et entérinée par la Cour supérieure lundi.
«Selon la preuve du [ministère], certains travaux pourront être exécutés […] sans qu’il ne soit nécessaire d’évincer les occupants de ces lieux», souligne la juge Suzanne Courchesne dans son jugement. Le MTQ a également fait la preuve que des mesures pouvaient être mises en place pour sécuriser la zone des travaux et protéger la communauté qui vit sous l’autoroute.
L’ordonnance de la juge Courchesne s’inscrit dans le cadre du recours en injonction déposé par la Clinique juridique itinérante pour faire repousser l’échéance donnée à la quinzaine de personnes qui campent sous l’autoroute Ville-Marie pour quitter les lieux.
Rappelons qu’un premier délai de grâce de 10 jours avait été accordé par la cour le 12 avril dernier. La juge Masse avait alors conclu dans son jugement que l’expulsion immédiate des campeurs leur causerait un «préjudice irréparable», considérant leur vulnérabilité et «le manque criant de ressources, déjà trop bien connu» pour les reloger à court, moyen ou long terme.
Une solution « humaine » demandée
« Ça nous donne deux mois de plus pour négocier une solution », se réjouit le directeur général de la Clinique juridique itinérante, Me Donald Tremblay, joint au téléphone.
Le recours judiciaire ayant permis de gagner près de trois mois, Me Tremblay espère maintenant une intervention gouvernementale pour relocaliser les campeurs, soulignant que le gouvernement a une « obligation humaine ».
Ça leur coûte des centaines de milliers en dollars par semaine [de retarder les travaux sur l’autoroute]. On va arriver à un point où ça va leur coûter plus cher de retarder les travaux que de reloger les campeurs.
Me Donald Tremblay, Directeur général de la Clinique juridique itinérante
Notamment, la Clinique a déposé à l’Assemblée nationale une pétition demandant le financement d’un projet pilot pour les reloger en appartement, avec un accompagnement communautaire offert par l’organisme Résilience Montréal. Les refuges d’urgence ne sont pas une option viable pour les campeurs, aux dires de la Clinique. Peu de lits sont disponibles, et plusieurs personnes se sont initialement retrouvées au campement parce qu’elles ne pouvaient pas vivre en refuge en raison de leurs besoins particuliers.