En suspens à cause d’un conflit entre la Ville, l’entreprise de construction et ses sous-traitants, les chantiers de deux centres de compostage reprendront bientôt à Montréal, a révélé La Presse aujourd’hui. L’administration Plante a dû sortir le chéquier pour que la construction des centres reprenne.
L’arrêt des travaux a duré environ 10 mois. L’entreprise française de construction Veolia avait été désertée par ses sous-traitants, dont la firme EBC, sur les chantiers des centres de compostage de Saint-Laurent et de Montréal-Est. Les sous-traitants accusaient Veolia de ne pas les payer. Veolia demandait plus d’argent à la Ville pour compenser la hausse des coûts due à l’inflation et à la guerre en Ukraine.
Après des mois de blocage, Montréal a finalement débloqué un total de 45 M$ pour que Veolia consente à revenir. Il s’agit d’une hausse de près de 15% des coûts par rapport au budget de 372 M$ pour les deux centres. Une entente a ainsi été conclue entre la compagnie française et la métropole québécoise.
L’administration Plante justifie ce 45 M$ supplémentaire par les preuves apportées par Veolia que les coûts avaient bien explosé. Jusque-là, la municipalité assurait ne pas vouloir signer de chèque en blanc tandis que Veolia refusait d’ouvrir ses livres.
Opération réussie, selon la responsable du dossier au comité exécutif, Marie-Audrée Mauger, qui assure que l’entreprise a démontré qu’elle avait besoin de plus d’argent. Mme Mauger se félicite que l’entente garantisse que les sommes iraient aux sous-traitants, dont les problèmes à se faire payer étaient au cœur du conflit.
Du côté de l’opposition, on juge que la Ville a cédé au chantage de Veolia. Avec l’entente signée après un arrêt des chantiers, «on crée un lourd précédent, presque un guide pour une entreprise qui voudrait faire hausser les coûts», s’est agacé le maire d’arrondissement de Saint-Laurent, Alan DeSousa, lors du conseil municipal.
La remarque de M. DeSousa n’a pas plu à Valérie Plante qui a invectivé l’opposition, lui rappelant qu’elle avait toujours dit que l’administration devrait mettre tout en oeuvre pour que les chantiers reprennent. Elle a expliqué que son administration n’avait pas souhaité repartir à la planche à dessin et faire un appel d’offres alors que le centre de compostage de Saint-Laurent était terminé à 80%.
Un retard important
Dans celle-ci, Montréal renoncerait également à faire payer à Veolia des frais de retard, d’après des informations de La Presse. La Ville demandait 5,4 M$ de frais de retard. En y renonçant, la Ville fait payer encore plus les contribuables, s’indigne Alan DeSousa.
En attendant, les deux centres de compostage ont pris du retard. Celui de Saint-Laurent devait voir le jour en septembre 2021, puis son ouverture a ensuite été repoussée à mars 2022. Veolia affirmait désormais en avril que si les chantiers reprenaient, ce centre pourrait ouvrir au printemps 2024. L’usine de compostage de Montréal-Est était planifiée pour la fin de 2024, mais elle pourrait voir le jour qu’au début de 2025, avec un léger retard.
Sans centre de compostage, la métropole n’a d’autre choix que d’exporter ses déchets organiques.