Montréal

Les émissions de GES en hausse à Montréal

La Ville de Montréal a récemment mis en ligne les inventaires des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la métropole. Malgré l’objectif de la Ville de réduire ses GES de 55% d’ici 2030, à partir de l’année de référence 1990, ces dernières ont augmenté entre 2016 et 2019.

Dans les tableaux et graphiques des inventaires GES 2019-2020, on peut observer que les émissions de GES avaient réduit de 28% en 2016. Pourtant, avant la pandémie, soit en 2019, les émissions étaient de retour à une diminution de 20%. L’année 2020 démontre une amélioration en comparaison aux années précédentes, mais due à la pandémie, elle n’est pas jugée représentative, croit le titulaire de la Chaire de recherche de l’UQAM sur la décarbonisation, Mark Purdon.

Ville de Montréal

Les données des années suivantes n’apparaissent pas dans l’inventaire rendu public par la Ville qui vise également à devenir carboneutre d’ici 2050. «C’est un énorme défi, souligne M. Purdon. Il faut faire comprendre à la population que ce sont des changements de comportements et d’habitudes d’envergure qu’il faudra mettre en place si on veut en faire suffisamment dans la lutte au changement climatique».

Il faudra qu’on s’attende à vivre des changements comparables à ceux qu’on a vécus pendant la pandémie, sans pour autant [exacerber] les inégalités, de manière plus intelligente et faire une meilleure utilisation de la technologie.

Mar Purdon, Professeur à l’UQAM et directeur de la Chair de recherche de l’UQAM sur la décarbonisation

La Ville et autres institutions gouvernementales auront un énorme défi et devront être capables de communiquer cette ampleur à la population, croit celui qui est aussi professeur à l’UQAM. «Ça va être difficile», lâche-t-il.

Le transport au cœur du problème

Les GES ont particulièrement augmenté dans le secteur des transports. Pour remédier à la situation, il faudra notamment changer la manière de bâtir et organiser la ville, l’agglomération et les banlieues, explique M. Purdon. La densification urbaine est importante, souligne-t-il, mais il faudra organiser les transports en commun de manière à ce qu’ils soient mieux optimisés.

Sous peu, le chercheur publiera un rapport de recherche dans lequel la ville de Los Angeles, en Californie, est comparée à Montréal. On pourra y observer que du côté de la métropole et du gouvernement du Québec, l’organisation est trop fragmentée, indique le spécialiste.

L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) mène les initiatives relatives au transport en commun, mais le ministère des Transports a également son mot à dire sur l’aménagement des routes, et les compagnies publiques comme la Société de transport de Montréal (STM) également.

Vers des méthodes de chauffage plus efficaces

Il faut davantage exploiter de nouvelles technologies, croit le chercheur. Particulièrement au niveau du chauffage des bâtiments, un facteur important de cette augmentation des GES. «Il faudrait davantage exploiter la thermopompe», juge-t-il, une innovation relativement abordable.

Il recommande également de mettre en place des mesures favorisant l’isolation adéquate des bâtiments et des logements, «mais c’est plus compliqué». Le gouvernement du Québec a mis en place le programme Rénoclimat, qui guide les propriétaires à travers leurs travaux dans le but d’améliorer les performances énergétiques des habitations.

Les actions prioritaires de la Ville pour 2023 pour réduire les GES incluent l’adoption de règlements visant à atteindre la carboneutralité dans les bâtiments neufs et existants. La ville souhaite notamment soutenir le déploiement de mesures d’écofiscalité.

Les initiatives prises par la Ville dans son Plan climat 2020-2030 sont bonnes, croit M. Purdon, mais il est impossible d’en mesurer l’impact, «parce qu’on n’a pas la modélisation nécessaire», affirme-t-il.

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