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Montréal

Visite guidée vidéo du Red Light: Un siècle de spectacles au centre-ville

En un siècle, le Red Light montréalais a considérablement changé de visage, sans pourtant changer de vocation. Avant que les derniers vestiges de ce quartier ne laissent la place au moderne. Quartier des spectacles, Métro a suivi le guide Michel Jutras pour un dernier tour de piste dans le chaud Montréal des cabarets, des paillettes et des effeuilleuses.

C’est grâce à la prohibition qui sévissait aux États-Unis et au Canada que le Red Light montréalais a pris son envol au début du XXe siècle pour devenir la plaque tournante des plaisirs en Amérique du Nord. Le Québec étant la seule province canadienne à ne pas avoir interdit l’alcool, les bordels, bars, cabarets, hôtels et commerces de jeu illégal se multiplient à Montréal et se concentrent principalement sur la Main.

En mal de lieux où se produire dans leur pays, les artistes américains envahissent les cabarets montréalais en quête de popularité. Entre 1920 et 1935, une vingtaine de bars ouvrent leurs portes à Montréal : le Bijou, le Roxy, le Starland et bien d’autres. On vient à Montréal pour faire le burlesque et le vaudeville qui s’étaient développés à New York. C’est donc à cette époque que le quartier – qui s’étend de Bleury à Saint-Denis et de Sherbrooke à René-Lévesque – connaît ses premières années de gloire. 

À travers quelques lieux mythiques et quelques personnalités légendaires, l’histoire oubliée du Red Light de Montréal refait surface. Du complexe Guy-Favreau au Théâtre du Nouveau Monde, visite guidée du Montréal des plaisirs et des cabarets.

Premier arrêt: Le Crystal Palace – 1225, boulevard Saint-Laurent
«Construit en 1908, le Crystal Palace présente des spectacles de vaudeville à partir des années 1920. En 1940, il suit la mode et devient une boîte de nuit, raconte le guide. Après la Deuxième Guerre mondiale, sous l’influence de la mafia montréalaise, il devient un casino. Avec le déclin de la Main, le Crystal Palace deviendra dans les années 1960, un marché aux puces, puis un cinéma. Enfin, en 2000, l’endroit est devenu le Club Soda.»

Deuxième arrêt: La rue Clark
La portion de la rue Clark comprise entre René-Lévesque et Sainte-Catherine est aujourd’hui déserte. Mais à l’époque de la prohibition, à partir des années 1920, c’était une des rues importantes du Red Light. Plusieurs bordels y avaient pignon sur rue.

Troisième arrêt: Au Faisan Doré et le café Montmartre – 1417, boulevard Saint-Laurent

En 1947, Jacques Normand anime les nuits de Montréal au cabaret Au Faisan Doré, où plusieurs artistes québécois et francophones se produiront. C’est là que la carrière du jeune Charles Aznavour aurait réellement pris son envol, d’où son attachement tout particulier pour la métropole du Québec. Édith Piaf, Tino Rossi, Charles Trenet, ainsi que Denise Filiatrault, Fernand Gignac et Raymond Lévesque sont aussi passés par là. En 1951, le célèbre cabaret laissera sa place au Café et Cabaret Montmartre (à gauche), qui connaîtra aussi ses heures de gloire. Aujourd’hui, à cette adresse, le Kingdom Gentleman’s Club présente des spectacles d’un tout autre genre.

Quatrième arrêt: Le Monument National – 1182, boulevard Saint-Laurent

Fondé en 1893, le Monument National deviendra vite la grande salle de spectacle des francophones. En 1938, Gratien Gélinas y crée ses Fridolinades et, en 1948, il revient pour y présenter Ti-Coq. Plusieurs artistes et troupes de théâtre vont démarrer ici. «C’était un incubateur de compagnies artistiques, sociales et francophones», soutient le guide. Les plus grands spectacles de yiddish seront aussi présentés là ainsi que l’opéra chinois. Dans les années 1960, quand la rue Saint-Laurent a périclité, ça a disparu complètement, et le Monument National a été laissé à l’abandon. On a même pensé à le détruire, mais dans les années 1970, un philanthrope l’a acheté et l’a donné en cadeau à l’École nationale de théâtre, qui est encore propriétaire de l’endroit aujourd’hui.

Cinquième arrêt: Le Casa Loma – 94, rue Sainte-Catherine Est

Le Casa Loma est associé aux belles heures du jazz dans métropole. Le musicien Charles Biddle disait que c’était l’un des plus beaux lieux de jazz à Montréal. Il y avait du travail en permanence pour tous les musiciens de Montréal. On y présentait beaucoup de types de spectacles. Des spectacles de travestis étaient créés dans plus de 10 bars et salles de spectacle de la ville à l’époque. Le plus fameux a été celui de Gilda, qui a eu ses heures de gloire au Casa Loma. Aujourd’hui, l’édifice abrite le 281 et est toujours aussi fréquenté, mais pour des raisons différentes!

Quelques autres adresses mythiques
À l’angle de Sanguinet et Ontario, juste à
côté du  restaurant La Paryse, se trouvait le bordel le plus
prestigieux de l’époque où on voyait, paraît-il, les plus belles filles
de Montréal, voire du monde, selon certaines personnes.

Au coin
de Saint-Laurent et d’Ontario, on trouvait de 1935 à 1950 la plus
grande centrale téléphonique. Plus de 85 lignes avec des téléphonistes
en perma-nence prenaient toutes les mises au jeu des courses de
l’Amérique du Nord.

Le grand ménage de Drapeau
Dans les années 1960, le Red Light
n’est plus que l’ombre de ce qu’il a été. Élu en 1954 à la tête de la
ville, Jean Drapeau promet un grand ménage. Les bordels et les maisons
de jeu ne sont plus tolérés à Montréal. Après sa réélection, en 1960,
il fait démolir le Roxy et le Bijou. C’est le début de la fin pour le
Red Light. Pourtant, Michel Jutras reste convaincu que l’esprit du Red
Light ne mourra jamais. «Toute l’effervescence et la joie de vivre qui
régnaient dans le Red Light resteront à jamais», croit-il.

Et maintenant?
Quiconque
s’est promené au centre-ville n’a pu manquer les grues et les
travailleurs qui s’affairent à redonner au quartier sa vocation d’antan
: être le centre de la culture montréalaise. Le Quartier des spectacles
est un vaste chantier, amorcé en 2008, qui réunira dans le même
kilomètre carré 30 salles de spectacle, 5 espaces publics, 2 immeubles
résidentiels et 3 lieux de diffusion culturelle. L’Adresse symphonique,
l’Esplanade Clark, le 2-22, la promenade des Festivals, la Vitrine
culturelle et plusieurs autres donneront au secteur sa couleur.

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