Montréal

Piétonnisation De Castelneau: un projet qui ne fait pas l’unanimité

Catherine Bouchard - catherine.bouchard@tc.tc

Le projet-pilote de piétonnisation de la rue De Castelneau entre les avenues De Gaspé et Henri-Julien, prévu pour l’été 2015, rencontre la résistance de la paroisse Sainte-Cécile, alors que l’arrondissement demande un financement de la ville-centre pour aller de l’avant.

«Nous avons déposé le projet avec ses grandes orientations pour tenter d’obtenir l’aide financière de la ville-centre, dans le cadre de son nouveau programme de soutien à la piétonnisation de portions de rue, pour la période estivale. S’ils acceptent, nous recevrons 200 000$ pour la conception des plans et la réalisation du projet, qui comprendra du mobilier urbain, du verdissement et de la peinture sur la chaussée. Les installations seraient temporaires pour les deux prochaines années. Ce pourrait être à l’image de la place Shamrock», affirme la conseillère de Ville du district Villeray, Elsie Lefebvre.

Le projet avait jusqu’ici fait consensus auprès des milieux communautaires, scolaires, commerciaux et des riverains, selon l’élue. Les centres de la petite enfance (CPE) et l’école primaire Sainte-Cécile ont souvent déploré la dangerosité du secteur.

Les choses ont changé, lors du conseil d’arrondissement du 7 octobre, alors que les paroissiens de l’église Sainte-Cécile ont déposé une pétition pour signaler leur opposition au projet, qui ne tiendrait pas compte de leurs besoins.

«Il est beau le projet de piétonnisation, mais pas chez nous! Nous avons parlé avec les responsables de l’église Saint-Enfant-de-Jésus (Mile-End) et ce n’est pas facile. Le curé, une journée, a même été obligé d’enlever lui-même les bornes pour des funérailles, parce que la Ville n’avait pas été prévenue à l’avance. On accueille déjà beaucoup d’évènements, comme la Saint-Jean-Baptiste et on met des toilettes sèches le long de l’église et ça prend une semaine avant qu’on vienne les chercher. C’est un lieu de culte, est-ce qu’on pourrait le respecter? On nous a même demandé de passer les cercueils par le côté! Ça ne se fait tout simplement pas», souligne la représentante du conseil de fabrique et marguillère, Diane Pelletier.

Un projet embryonnaire?
Le journal local Le Progrès a mis la main sur des documents produits par des urbanistes de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension qui montrent deux exemples possibles de voie de circulation devant le parvis. Dans les deux cas, des bollards saisonniers sont installés. Ils doivent être enlevés par la Ville pour qu’une voiture puisse passer.

Les élus de l’administration locale ont pourtant assuré que seules des grandes orientations avaient été tracées et qu’aucun détail n’avait été élaboré.

«Ça nous prend un débarcadère, parce qu’on a beaucoup d’aînés qui doivent descendre devant la porte de l’église. Les organismes qui louent des locaux ici aussi en ont besoin toutes les semaines. On ne veut pas être obligé d’appeler la Ville à chaque fois pour dégager le passage. On se sent intimidé! Nous avons reçu une lettre de Mme Lefebvre qui nous dit qu’on est les seuls à ne pas être d’accord et elle a en plus été voir nos organismes pour leur parler du projet! Moi, je dois voir à la quiétude de mes locataires. Je comprends qu’elle est enthousiaste, mais là, c’est assez», continue Mme Pelletier.

II est toutefois à noter que le conseil de fabrique de l’église Sainte-Cécile a refusé de rencontrer Mme Lefebvre pour discuter du projet, considérant que le moment «n’était pas favorable». L’élue n’a pas non plus été en mesure de rencontrer la marguillère et le curé pour les mêmes raisons.

Mme Lefebvre, quant à elle, déplore le «manque d’ouverture» des paroissiens.

«Nous avons déjà prévu que les accès au parvis pour les cortèges dans le cadre de célébrations comme les mariages ou les funérailles soient préservés. Justement pour ne pas nuire aux activités de l’église. C’est décevant de voir une fermeture aussi catégorique de leur part. Nous voulons collaborer avec eux pour accommoder autant que possible.»

Mme Lefebvre indique que si Villeray est choisi, la consultation continuera durant l’hiver.

Une intersection dangereuse
La directrice générale du CPE Graffiti, Nathalie Gravel, souligne que l’intersection de l’avenue Henri-Julien et de la rue De Castelneau est très dangereuse.

«Les voitures vont vite et il y a beaucoup de familles qui traversent là. Il n’y a pas de feu de circulation et c’est très dangereux. C’est certain que si ça devient piétonnier, ça règle un problème. Au CPE, notre débarcadère est sur Henri-Julien, ça nous affecte un peu moins, mais en même temps, les parents arrivant de l’ouest devront faire un détour. Nous allons les consulter pour voir ce qu’ils en pensent», affirme la directrice qui a appris l’existence du projet en raison de l’appel du Progrès.

Mme Gravel souligne que le verdissement de l’endroit serait bénéfique pour les enfants, mais demeure prudente avant d’avoir eu le son de cloche des parents fréquentant l’endroit.

Des commerçants favorables
Les commerçants du secteur directement touché sont pour leur part favorables au projet-pilote.

«Je suis en faveur de toute mesure pouvant améliorer la qualité de vie dans le quartier. Je trouve que c’est un projet intéressant et que les bénéfices dépassent largement les inconvénients. Plusieurs de mes clients viennent en voiture, mais je crois, en tant que citoyen, que c’est la chose à faire. De toute façon, c’est un projet-pilote, seulement durant l’été. Faisons le test et voyons ce qui se passera», affirme le propriétaire du café Larue, Charles Ugo Boucher.

Ce dernier souligne que la paroisse avait déjà affirmé être en désaccord lors de la dernière consultation, avant le conseil d’arrondissement, alors qu’aucun plan n’avait encore été détaillé.

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