La Fraternité des policiers a envoyé une mise en demeure au chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Marc Parent, alléguant qu’un manque d’entraînement des policiers et des lacunes en matière d’inspection de leurs armes à feu pose un problème «grave et sérieux» pour la sécurité des agents et de la population, a appris TVA Nouvelles mercredi.
La Fraternité cite en exemple un policier, matricule 5219, qui se serait rendu dans un centre de tirs en septembre et aurait été incapable de décharger son arme à feu en raison de «la rouille du ressort et d’une défaillance du percuteur. Aucun coup de feu ne pouvait être tiré de cette arme à feu», peut-on lire dans la mise en demeure.
«Aucun programme d’entretien des armes à feu n’est présentement en application au SPVM», est-il aussi écrit. Et en ce qui a trait à l’entraînement pour le maniement sécuritaire des armes à feu, «selon la Fraternité, le SPVM est le corps policier le plus mal en point au Canada à ce chapitre».
Au début octobre, la Fraternité avait d’ailleurs dénoncé la fermeture de quatre salles de tir.
Selon la mise en demeure, ce n’est qu’en faisant feu qu’on peut savoir si une arme fonctionne correctement, mais l’accès aux pratiques de tirs se fait «de façon sporadique et [est] limité à un très petit nombre de policiers, en raison de la fermeture de quatre salles de tirs au mois de janvier, et de la réouverture d’une seule d’entre elles au cours de l’année 2014.»
La Fraternité allègue aussi que la «très grande majorité» des policiers du SPVM n’a reçu aucun entraînement ou et n’a fait aucun exercice avec armes à feu depuis plus d’un an, et qu’il est donc impossible pour ces policiers de savoir si leur arme fonctionne. Or, la Loi sur les armes à feu et le guide des pratiques policières du ministère de la Sécurité publique oblige les policiers à se qualifier pour le maniement sécuritaire des armes à feu au moins une fois par an.
Le maire de Montréal, Denis Coderre,voit dans cette démarche un «jeu syndical – patronal», issu des différends entre les policiers et M. Parent. «J’ai pleinement confiance en M. Parent et son leadership, a-t-il dit. Vous me dites qu’on se promène avec des armes rouillées. Excusez-moi, mais quand on prend un serment d’office, chaque policier a aussi la responsabilité de son arme. Je ne veux pas qu’on embarque dans une enflure verbale parce qu’on veut, pour d’autres raisons, tenter de démontrer que ça ne va pas bien en ce moment.»
M. Coderre affirme en outre que des nouveaux investissements en matière de sécurité – ce qui comprend les champs de tir – ont été annoncés lors du Programme triennal d’immobilisations, déposé mercredi matin.
Le SPVM n’a pas commenté la mise en demeure, et n’a pas répondu aux questions de Métro concernant l’inspection des armes à feu.
(avec Laurence Houde-Roy)
