Projet Montréal souhaite qu’une discussion soit engagée à la Ville de Montréal sur la possibilité de mettre en place des péages autour la métropole pour financer le transport en commun.
«Ça ne fait aucun doute qu’il faut faire payer à l’utilisateur le coût public qu’il génère», a affirmé lundi le chef de l’opposition officielle, Luc Ferrandez.
La Commission de l’écofiscalité du Canada a proposé dans un rapport dévoilé lundi d’installer des péages sur les ponts du Grand Montréal afin diminuer la congestion routière qui est source de pollution et de problèmes de santé publique. Leur mise en place devrait avoir lieu parallèlement au développement du réseau de transport en commun, précise la commission.
Les péages pourraient être utiles, d’après Projet Montréal, mais encore faut-il réfléchir à leur emplacement et à leur tarif. Pas question d’en installer seulement sur le pont Champlain. «Ça serait catastrophique», a dit M. Ferrandez.
Mais avant d’initier toute discussion sur le péage, il faut en premier lieu affecter les revenus de la taxe sur l’essence au financement du transport en commun, a insisté le chef de Projet Montréal. Présentement, ces gains sont versés au fonds consolidé de la Ville.
«On a fait analyse après analyse après analyse pour nous dire que le modèle de développement à Montréal est invivable, a mentionné M. Ferrandez. Il faut avoir la vision pour le changer. Il faut avoir le courage politique. On ne change pas cela avec des tweets. On ne change pas cela avec des statuts Facebook. On change cela avec des décisions structurantes.»
Si l’administration du maire Denis Coderre est ouverte à la discussion, elle n’est pas convaincue que la pertinence des péages. «On veut éviter que Montréal s’isole et devienne un trou de beigne, a dit le président du comité exécutif, Pierre Desrochers. Il faudra regarder [le péage] dans une perspective beaucoup plus large, en incluant l’ensemble de la région de Montréal par le biais de la Communauté métropolitaine de Montréal.»
Projet Montréal a par ailleurs qualifié de «catastrophique» le bilan de la dernière année en transport en commun de l’administration du maire Denis Coderre. Il lui a reproché de ne pas avoir proposé de projet structurant ou de mise à jour du Plan de transport, en plus d’avoir diminué des budgets de la Société de transport de Montréal (STM) et d’avoir ralenti l’implantation des voitures en autopartage.
La possible prise en charge des projets de système léger sur rail (SLR) sur le pont Champlain et du Train de l’Ouest par la Caisse de dépôt et placement du Québec a suscité des craintes auprès du parti d’opposition. Il redoute que les décisions se prennent en fonction des profits potentiels plutôt que de l’efficacité du service et qu’ultimement, la voie soit ouverte à la privatisation du transport en commun.
«C’est inacceptable de confier à une institution de faire cette planification sans que la Ville ait son mot à dire», a dit le conseiller de Saint-Henri–Petite-Bourgogne–Pointe-Saint-Charles, Craig Sauvé.