MONTRÉAL — Le gouvernement fédéral a mis sur pied un groupe consultatif qui devra concevoir une stratégie nationale visant à augmenter le nombre de véhicules zéro émission sur les routes du pays, dans l’objectif de réduire les émissions de gaz liés au réchauffement climatique.
Le groupe de 22 membres aura pour mission de trouver des pistes de solutions afin d’éliminer les obstacles à l’utilisation de véhicules zéro émission (VZE), dont l’offre de véhicules, les coûts pour leurs propriétaires, l’accès aux infrastructures et la sensibilisation du public.
Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux se sont engagés à collaborer avec les industries pour élaborer une stratégie VZE pancanadienne d’ici 2018.
Les émissions pourraient être réduites en augmentant l’utilisation de véhicules électriques, hybrides et à pile à hydrogène.
Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a toutefois écarté la possibilité d’imiter le Québec en imposant aux constructeurs automobiles des cibles de ventes de véhicules non polluants.
Au Canada, seulement 0,56 pour cent des véhicules vendus l’an dernier étaient électriques. Au Québec, ce chiffre s’élevait à près d’un pour cent.
Il s’agit de l’unique province à s’être dotée d’une loi qui contraint les constructeurs à vendre un nombre minimal de VZE. À partir de l’année modèle 2018, le Québec s’est donné pour cible que ces véhicules représentent 3,5 pour cent des ventes dans la province — une cible qui grimpera à 15,5 pour cent en 2025. Les entreprises qui n’atteindront pas cet objectif devront acheter des crédits à leurs concurrents.
Les constructeurs automobiles jugent que ce seuil pose tout un défi puisque les véhicules électriques ne représentent qu’une infime portion du marché.
Le président de Constructeurs mondiaux d’automobiles du Canada, David Adams, soutient que la réticence du gouvernement à fixer des cibles nationales a du sens.
«Que ce soit le Québec ou le gouvernement fédéral, nous ne sommes pas en désaccord avec le fait d’aller de l’avant avec la décarbonisation des transports, nous différons seulement d’opinion par rapport à la vitesse à laquelle on peut y arriver», a exposé M. Adams, qui est membre du groupe consultatif.
Il estime qu’il existe des manières moins coûteuses de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports que de miser sur une seule technologie.
La chef de la direction de Pollution Probe, Ingrid Thompson, voit en la formation d’un groupe consultatif une étape importante.
«C’est une très belle journée pour la qualité de l’air au Canada et le climat», s’est-elle réjouie.
Le ministre Garneau n’a pas voulu se prononcer quant à une éventuelle subvention fédérale à l’achat de VZE, qui s’ajouterait aux milliers de dollars déjà disponibles dans certaines provinces.
«Ce sont des questions sur lesquelles nous allons nous pencher au cours de la prochaine année, alors que le groupe consultatif nous reviendra avec ses recommandations sur les conditions gagnantes pour augmenter la vente de véhicules zéro émission», a-t-il répliqué.
Le ministre québécois des Ressources naturelles, Pierre Arcand, croit pour sa part qu’un tel incitatif financier devrait être proposé par Ottawa. Il a d’ailleurs soulevé l’importance de stimuler la vente de camions électriques, qui polluent 11 fois moins que ceux qui carburent au diesel.
Mme Thompson juge pour sa part prématuré de discuter de discomptes sur le plan fédéral.
Le gouvernement estime que les voitures et les véhicules utilitaires légers ont causé 12 pour cent des émissions totales du pays en 2015.