OTTAWA — Un différend juridique autour d’informations classées secrètes retarde la tenue du procès d’Ali Omar Ader, accusé d’avoir enlevé la journaliste canadienne Amanda Lindhout, en Somalie, il y a neuf ans.
Un juge de la Cour supérieure de l’Ontario doit déterminer mardi si le procès peut finalement débuter jeudi ou s’il va demeurer ajourné jusqu’à la fin des discussions sur l’admissibilité de documents classés secrets.
Selon la défense, l’accusé ne peut bénéficier d’un procès juste et équitable en ce moment, devant la Cour supérieure de l’Ontario, parce que des démarches parallèles sont en cours pour déterminer quelles informations sensibles peuvent être divulguées lors du procès.
Un juge de la Cour fédérale a récemment déterminé que certains documents classés secrets devront demeurer sous scellés — une décision portée en appel par les avocats d’Ali Omar Ader.
La Couronne s’est opposée à la requête d’ajournement de la défense dans le procès qui devait débuter lundi. Amanda Lindhout et le photographe Nigel Brennan ont été enlevés par un homme armé et masqué près de Mogadiscio, en Somalie, en août 2008. Ils ont été libérés le 25 novembre 2009.
Ali Omar Ader, un Somalien âgé de 40 ans, fait face à des accusations criminelles de prise d’otages pour son rôle allégué de négociateur. Il a été arrêté par la Gendarmerie royale du Canada à Ottawa en juin 2015.
Dans le cadre des requêtes préalables au procès, le printemps dernier, il a été révélé que le suspect avait été attiré au Canada par un scénario élaboré autour d’une fausse proposition de contrat de publication d’un livre.
Jeu de coulisses
En arrière-scène de ce procès criminel se joue une bataille entre divulgation et protection de documents sensibles.
Le gouvernement craint que la divulgation de certaines informations nuise aux relations internationales du Canada, à la sécurité publique ou à la défense.
La semaine dernière, un juge de la cour fédérale a confirmé que des dizaines de documents allaient demeurer confidentiels parce que l’intérêt public penchait en faveur de la protection de ces informations.
L’avocat Trevor Brown, qui défend Ali Omar Ader, tient à ce que sa demande d’appel soit entendue avant l’ouverture du procès, car il craint que des informations manquantes n’empêchent son client d’obtenir un procès équitable.
Du côté de la Couronne, le procureur Croft Michaelson a fait savoir au juge que d’attendre la fin de la procédure d’appel pourrait menacer la tenue du procès criminel en raison de la longueur des délais.
Les règles établies par la Cour suprême fixent la limite du délai raisonnable à 30 mois entre le dépôt d’accusations et la tenue du procès. Dans ce cas-ci, les procédures comptent déjà 27 mois.
Des témoins en provenance de l’Alberta, des États-Unis, d’Europe et d’Australie sont attendus au procès.
Ali Omar Ader a écouté la traduction des arguments présentés au juge grâce à des écouteurs et est demeuré impassible dans le box des accusés.